Wonder Woman
Voilà un moment que je ne vous ai plus parler de super héros. J'ai eu l'occasion cette semaine de voir Wonder Woman qui est sorti depuis quelques temps en salle. Ce film est loin d'être une réussite, mais il nous donne des clefs sur notre propre devenir.
On découvre une Wonder Woman qui doit ses super pouvoirs non pas à une manipulation génétique ou à son ingéniosité mais à un don, à l'instar de Superman, de super pouvoirs divins. On apprend que Wonder Woman est née parmi les amazones pour combattre un jour ou l'autre le dieux de la guerre. Sa mission divine est de combattre le jour où la guerre sera vraiment mondiale et sans fin. C'est donc lors de la grande guerre, que notre super femme finira par se dire que trop c'est trop et qu'il faut sortir de son île et faire quelque chose pour que les hommes arrêtent de s'entretuer.
Ce qui semble le plus intolérable à notre Wonder nana c'est l'idée que la lutte en face à face soit remplacé par un combat aveugle qui tue, au coté des soldats, un grand nombre de femmes et d'enfants.
L'arme de destruction massive semble être l'ennemie jurée de notre héroïne. Celle ci est symbolisée par la mise au point d'un gaz mortel durant la période qui précède l'armistice de 1918.
Le rôle de la femme dans la guerre est un rôle délicat puisqu'elle se retrouve à la charnière de la vie en tant que mère et de la mort en temps que patriote. Les enfants des allemands sont aussi innocents que les nôtres. Comment dans cette perspective légitimer en tant que mère l'usage d'armes qui ne discriminent pas les soldats du reste de la population.
En y regardant de plus près les pouvoirs de Wonder Woman sont finalement assez peu offensifs. Elle neutralise les balles de ses poignets et l'assaut des mitraillettes à l'aide de son bouclier et son lasso semble beaucoup plus menaçant lorsqu'il vous oblige de dire la vérité, que quand elle s'en sert pour dézinguer ses adversaires.
Super Woman semble finalement plus douée pour la super conscience que pour les super pouvoirs. Tout au long du film elle nous surprendra d'avantage par ses re-cadrages éthiques que par ses prouesses athlétiques.
On aurait même envie de conclure ce premier volet consacré à la naissance de Wonder Woman, sur un air de Goldman à propos des femmes libérées.
En plus de poser l'évident problème des limites de pouvoir que nous pouvons confier à nos états nations, le film nous donne aussi une leçon d'histoire.
La première guerre mondiale est notre guerre avant d'être celle des américains, mais voilà Wonder Woman est avant tout un film produit par des américains pour des clients qui aiment les films américains. La première guerre mondiale est donc utilisée comme un évènement commode par le réalisateur pour faire surgir dans l'histoire contemporaine le personnage de Wonder Woman. Pourquoi pas ? Ils nous avaient déjà fait le coup avec Captain America né avec la deuxième guerre mondiale.
Ce que l'on découvre avec ce film c'est que l'histoire, la vraie, n'est pas qu'un évènement, mais une perception qui se transforme en sentiment, puis en émotions qui forgera finalement notre pensée. La vraie histoire ne se raconte pas elle se digère et la la seule manière d'y parvenir c'est de la penser.
C'est exactement ce que le film ne fait pas. En juxtaposant des clichés de la grande guerre qui nous laisse un goût pas cuit et indigeste de carton pâte. Le film nous démontre que la première guerre mondiale ne fait pas partie de l'histoire des Etats-Unis et que leurs maisons de production ne pourront jamais penser ce conflit autrement quand restituant des cartes postales surannées d'un moment qu'ils n'ont pas intégré, le tout nappé de bon sentiments qui ne touchent finalement personne.
Pauvre Wonder Woman toute seule venu avec son lasso de la vérité pour essayer de comprendre l'histoire de notre vieux continent. Cette mission est parfaitement impossible parce que cette histoire, nous appartient et qu'elle ne se soumettra jamais à une vérité ex-nihilo, qui nous est étrangère. A contrario on peut saluer la mise en image du roman "Au revoir là-haut "qui nous donne une vision pensée et donc digérée de notre histoire bien plus vraie que celle que notre héroïne cherche à extirper en vain avec son fouet de bonne conscience.
L'histoire n'est pas innocente et si vous essayez de la faire parler elle vous mentira. Même si elle n'a plus d'autre choix elle ne vous livrera jamais la vérité, pour une bonne et simple raison c'est que la vérité de l'histoire, c'est notre futur et que personne ne le connait même si nous pouvons l'inventer.
La vraie histoire ne sera jamais faite d'histoires vraies.
Voilà sans doute aussi la raison pour laquelle tous ces films basés sur des histoires vraies, qui sont légion en ce moment, nous importent si peu.
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