Edmond


L'histoire de ce film, est déjà un roman. Alexis Michalik n'a pu trouver les fonds pour financer ce film. Il adapte finalement sont idée pour le théâtre dont le succès lui permettra finalement de faire Edmond au cinéma.

Shakespeare in love est l'un de mes films préférés, parce qu'il parle d'inspiration et arrive à la mettre en scène dans un jeu de miroir entre les évènement de la vie et ceux des planches. Alexis a eu envie de faire un Shakespeare in love à la française. On ne peut que s'en réjouir. L'idée de restituer la création d'une œuvre en la replongeant dans le tumulte de son époque nous sort immédiatement d'un cadre scolaire ou académique dont souffre finalement ces œuvre à force d'avoir été trop jouées et trop étudiées. Que cela soit pour Roméo et Juliette ou Cyrano de Bergerac. On réalise que l'inspiration puise autant ses forces dans la persuasion des créanciers que dans le génie de l'auteur. Le hasard , l'esprit de l'époque, la famille, ses amours, ses amis tout contribue à faire naitre un chef d'oeuvre dans une sorte d'alchimie obscure qui distille l'exceptionnel de l'ordinaire.

Le détour par l'adaptation de cette histoire au théâtre semble laisser des traces. Les décors du film nous laissent volontairement découvrir un Paris idéalisé, un peu à la Amélie Poulain. Le tournage à Prague de ce Paris d'antan nous apporte ce décalage entre la réalité du passé et l'image subliminale qu'en a notre mémoire. On se sent en permanence au théâtre c'est bien normal puisque l'intrigue d'Edmond comme celle de Shakespeare in love se déroule sans distinction devant ou derrière le rideau. Seule exception la scène du couvent qui nous projette dans le décor naturel. Pourquoi ? Sans doute pour nous faire sentir que la grande différence entre le théâtre et le cinéma réside dans la représentation de la mort. On ne meurt pas au théâtre, la mort comme le reste est mis en scène et le même acteur rejouera le lendemain la même fin. En revanche le cinéma vous livre la mort dans son réalisme et revenir le lendemain n'a pas de sens pour la braver puisque le cinéma n'est pas un spectacle vivant . Le réalisateur voulait que son Cyrano meurt pour de vrai comme au cinéma.
Alexis s'amuse lui même à apparaitre dans le film sous les traits d'un Feydeau narquois et moqueur, face à l'entreprise Edmond Rostand, qui s'escrime à écrire en vers alors que l'on s'amuse en ville de la prose des Vaudeville et que le cinéma commence à déployer ses écrans à Paris. Rôle d'autant plus facile à incarner pour le réalisateur, que ce dernier a essuyé de nombreux échecs pour le financement de ce film auquel personne ne croyait.

Dans ce genre de film, le réel et l'imaginaire s'imbrique comme des poupées russes, où l'histoire du film qui s'annonce comme un belle success story semble rendre hommage à l'histoire de la création de Cyrano de Bergerac.

Bien sûr le cinéphile averti que je ne suis pas, trouvera les mouvements de caméra du tout jeune réalisateur un peu lourd et la comparaison avec le film de Rappeneau à son désavantage. Mais une fois encore il ne faut pas regarder une création par le petit bout de sa lorgnette, mais réaliser que si Alexis a pris la caméra c'est que personne d'autre ne voulait tourner ce film à sa place. Et qu'on ne peut décemment pas reprocher à un débutant de débuter, sans être soi-même taxé de snob.

Allez voir ce film, pour vous baigner dans la douce inspiration qui prélude à chaque chef d'œuvre. Le génie est moins dans nos têtes que dans ce qui nous entoure.

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