On ne trouve rien à la Samaritaine

 


Après 15 ans La Samaritaine a rouvert ses portes en juin de l'année dernière. La belle journée d'hier nous a donné envie de s'y rendre à pied et de redécouvrir ce lieu avec des yeux de touristes en vadrouille.

On arrive hier vers 11h00 par la rue de Rivoli et l'on découvre la façade en verre architecturée par le Cabinet japonais Sanaa. Les mêmes qui ont fait le Louvre de Lens. Pas  de transparence pour cette façade en verre mais juste la réflexion des façades de l'autre coté de la rue. On pénètre dans le lieu, ex magasin 4 pour découvrir un univers on ne peut plus standard de siège social d'une entreprise lambda. Rien ne vous accroche le regard. Tout est bêtement fonctionnel, les étages s'empilent sans âme et les quelques gestes architecturaux du Cabinet Sanaa sont trop contraints par l'exiguïté du lieu pour avoir l'ampleur nécessaire pour exister. 

On est déçu et on ne pense déjà plus qu'à une seule chose retrouver l'emblématique verrière conçue un siècle plus tôt en traversant la rénovation des bâtiments sans intérêt. On ne peut que se réjouir de voir ce bijou de l'Art Nouveau rénové à la perfection à coup de centaines de millions de d'euros, mais d'un point de vue architectural on n'a pas avancé d'un pouce depuis un siècle. On déambule dans les rayons de la mode homme, pour voir si le contenu nous offrirait plus d'originalité que son contenant. C'est sans espoir, tout est convenu et bien trop cher, en dévoyant l'esprit social et fraternel des Cognacq-Jay.

Depuis que LVMH s'est porté acquéreur de la totalité du magasin, on savait que le projet immobilier du groupe allait transformer ce grand magasin en un petit machin dont le manque d'audace finira par lui enlever tout élan. Déjà le plus petit grand magasin de Paris avant son rachat, La Samaritaine va encore perdre 10 000 m2 dans cette rénovation. On ne peut que remercier la Mairie de Paris d'avoir trainé des pieds pendant 5 ans pour s'assurer que le prince du luxe, alias Bernard Arnaud ne transforme pas toute La Samaritaine en hôtel, logements et bureaux de luxe. Le projet compte ainsi des logements sociaux et une crèche pour faire écho à la philanthropie des Cognacq-Jay.

Ce projet reste néanmoins une grosse opération immobilière ou l'immeuble Jourdain face à la Seine devient un Palace parisien avec la plus grande piscine de Paris et une suite de 1000m2. La vue et les terrasses sont donc accaparées par le milliardaire pour faire plaisir à ses semblables. 

Déçus par l'offre et l'architecture du magasin nous nous réfugions au dernier étage pour déguster près de la verrière un café afin de profiter de ce qui reste de La Samaritaine. Le café a une apparence bling bling sans envergure qui insulte le lieu et dont le service est inexistant. La serveuse s'y est repris à deux fois pour mémoriser notre commande qui ne comptait pourtant que "un expresso et un américain" et n'a pas été capable de nous rendre 40 euros sur un billet de 50.  Les WC on été bouclés pendant que nous nous restaurions sans autre forme d'explication alors qu'ils restaient après coup la seule raison de notre visite.

On ne trouve rien à La Samaritaine ci ce n'est la restauration de la galerie principale qui était en péril. C'est une bonne chose. On peut se nourrir de mélancolie mais en aucun s'en satisfaire sous peine d'asphyxie. Restaurer à l'identique et refléter les façades Hausmanniennes sur une paroi de verre comme projet architectural est aussi productif qu'un débat ou votre interlocuteur vous retourne votre question. Beaucoup de bruit pour rien.



Ce qui reste fidèle au projet
Ce quoi on s 'attendait et que l'on ne verra jamais dans les bâtiment adjacent à la verrière








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