Grandeur et décadence
Bien sûr je suis née à Reno Nevada, mais il ne faut quand même pas oublier que ma carrosserie, alias Jean-Yves lors de mes incarnations épisodiques a vécu presque18 ans à Mulhouse.
Comment ne pas s'émouvoir alors de la disparition des marques Peugeot et Citroën des 40 plus importantes capitalisations boursières françaises. Le verdict du marché est sans appel :"PSA out du CAC". A force de tout mettre en chiffres sur des écrans et en limitant les lettres à quelques acronymes, nous finissons par perdre l'essence des choses, ce qui est d'autant plus préjudiciable lorsque l'on fabrique des voitures. Car la raison d'être de Peugeot ne devrait être ni de faire des profits, ni de créer des emplois, mais de faire de belles et rutilantes automobiles que le monde entier rêverait d'acheter.
Mais quoi qu'on en dise, pour le capitalisme le client n'est pas roi. Le vrai ROI, c'est encore un acronyme qui nous dit "Return On Investment". L' actionaire en veut pour son argent et si le client doit être roi ce ne sera qu'au royaume des aveuglés par le marketing. Les priorités sont toujours les mêmes :
- 1 les actionaires s'en mettent plein les fouilles, si possible sur une cadence trimestriel, car les fonds de pensions sont d'un naturel anxieux à l'image des vieux dont ils gèrent les économies,
- 2 les clients qui deviennent des points de part de marché ,
- 3 les employés à qui l'on répète sans cesse que "sans eux, la société ne serait rien" (le fameux capital humain) jusqu'au jour où on les licencie avec les ménagements minimum sociaux en vigeur.
Comment en est-on arrivé là? Comment le créateur de la 404 qui nous transportait jusqu'au soleil de la Côte d'Azur se retrouve t-il si mal en point ?
Ce n'est quand même pas notre faute à nous les Hardy! On les a toutes achetées les Peugeot : la 104, la 204, la 205, la 404,la 504, la 604, la 309, la 607.... Alors.
Qu'importe que les pneus de la 104 explosent sur l'autoroute avec les pieds qui manquaient de peu de traverser le plancher quand on freinait trop fort, que la 205 ait fini sa vie à Paris en flamme devant la Banque de France, que la 309 n'avait que pour elle son moteur GTI.
A Mulhouse on aimait Peugeot et on en redemandait.
Le hic c'est que Peugeot, dans les année 80 avait une créativité qui commençait à se limiter à savoir nommer des voitures avec 3 chiffres avec un 0 au milieu. Pas très excitant, on est d'accord. Heureusement à cette époque les agences de pub s'en donnaient à coeur joie et sont arrivés ainsi à maintenir la tête du lion de Sochaux hors du Doubs, en vendant les 205 comme des manalas un soir de Saint-Nicolas. Mais la réalité était là, cachée derrière des chiffres où le "sacré numéro" représentait plus de 50% du chiffre d'affaire de la marque. Peugeot n'avait plus d'idée et ses clients piétinaient d'impatience de voir sortir des nouveaux modèles.
Ainsi mes parents en pleine ascension sociale n'ont pas pu acheter la limousine de leur rêve qui aurait dû succéder à la 604. Même les Présidents de la République ne savaient plus dans quoi rouler, c'est vous dire. Peugeot à force de pub et de marketing s'était enterrée dans le milieu de gamme pour faire du volume et ça à part vous gonfler la part de marché ça ne fait rêver personne. Ni les clients qui se voient toujours dans une voiture plus belle que la leur, ni les actionnaires qui savent que les profits sont là où les clients achètent avec passion et non avec raison.
En oubliant leur clients et leur raison d'être " la bagnole quand même c'est pas rien" Peugeot a décroché du marché. Avec une obstination qui laisse encore pantois, impossible de faire sortir un monospace des griffes du lion. Mais enfin quand même, avec un des plus beaux taux de natalité en Europe on allait quand même pas continuer à se poser la question devant nos désuètes berlines de savoir si cette fois-ci on allait prendre les poussettes dans les bagages ou les bagages sans les poussettes. On veut les 2 et ça ne rentre pas dans une 405.
Bien sûr nos pères avaient développé un art de savoir faire rentrer 6 chaises louis XIII dans le coffre d'une 2CV, mais la génération suivante semblait moins enclin à appréhender le coffre de la voiture comme les 6 faces d'un rubik's cube. On voulait de l'espace et chez les Peugeot on était trop terre à terre pour ça.
Au moins pour remonter la pente on aurait souhaité que Peugeot nous sorte un 4X4 digne de ce nom. Parce que le 4X4 comme son nom l'indique ce n'est pas fait pour faire du tout terrain mais pour gérer sa crise de la quarantaine quand on a encore 3 gamins à l'arrière. Mais là encore autisme général de la direction et des bureaux d'études. Pendant que les concurrents s'en mettent plein les poches PSA roupille. Pire par fierté on s'entête. Les 4X4 c'est pas pour nous. Non mais on croit rêver, alors que les américains ne peuvent pas aller acheter une tranche de pain de mie sans prendre leur Jeep cherokee, les actionnaires de Peugeot décident dans leur coin que ça va passer. Et bien non.
A quoi bon faire de la pub et gagner des rallyes si l'on a rien à vendre? Parce le problème il est là. Aujourd'hui dans le milieu de gamme PSA est trop cher et dans les autres segments ils sont nul part. Pas étonnant qu'aujourd'hui, de chômage technique en chômage technique les plans de licenciements finissent par surgir. Mais que la gauche se rassure il ne s'agit pas de licenciements boursiers mais bien d'incompétence et cela depuis plus 20 ans. Quand les actionnaires sauront enfin virer des dirigeants incompétents même si ils font des profits l'avenir de notre industrie deviendra un peu moins fragile. Peugeot est une victime du marketing et des parts de marché qui ne trouve plus ses marques dans un marché à la fois mondialisé mais surtout hyper segmenté.
Ce n'est pas la seule. Dans le genre, de l'autre coté de l'Atlantique, Ford n'est pas mieux. Ca fait quand même pitié de voir les pionniers de l'automobile de masse faire la promotion de leur voiture de manière aussi anecdotique en visionnant une pauvre fille chercher ses clefs de voiture pendant 10 minutes. Pas de doute, comme Peugeot, les dirigeants de Ford ne savent plus très bien ou ils habitent.
Comment ne pas s'émouvoir alors de la disparition des marques Peugeot et Citroën des 40 plus importantes capitalisations boursières françaises. Le verdict du marché est sans appel :"PSA out du CAC". A force de tout mettre en chiffres sur des écrans et en limitant les lettres à quelques acronymes, nous finissons par perdre l'essence des choses, ce qui est d'autant plus préjudiciable lorsque l'on fabrique des voitures. Car la raison d'être de Peugeot ne devrait être ni de faire des profits, ni de créer des emplois, mais de faire de belles et rutilantes automobiles que le monde entier rêverait d'acheter.
Mais quoi qu'on en dise, pour le capitalisme le client n'est pas roi. Le vrai ROI, c'est encore un acronyme qui nous dit "Return On Investment". L' actionaire en veut pour son argent et si le client doit être roi ce ne sera qu'au royaume des aveuglés par le marketing. Les priorités sont toujours les mêmes :
- 1 les actionaires s'en mettent plein les fouilles, si possible sur une cadence trimestriel, car les fonds de pensions sont d'un naturel anxieux à l'image des vieux dont ils gèrent les économies,
- 2 les clients qui deviennent des points de part de marché ,
- 3 les employés à qui l'on répète sans cesse que "sans eux, la société ne serait rien" (le fameux capital humain) jusqu'au jour où on les licencie avec les ménagements minimum sociaux en vigeur.
Comment en est-on arrivé là? Comment le créateur de la 404 qui nous transportait jusqu'au soleil de la Côte d'Azur se retrouve t-il si mal en point ?
Ce n'est quand même pas notre faute à nous les Hardy! On les a toutes achetées les Peugeot : la 104, la 204, la 205, la 404,la 504, la 604, la 309, la 607.... Alors.
Qu'importe que les pneus de la 104 explosent sur l'autoroute avec les pieds qui manquaient de peu de traverser le plancher quand on freinait trop fort, que la 205 ait fini sa vie à Paris en flamme devant la Banque de France, que la 309 n'avait que pour elle son moteur GTI.
Le hic c'est que Peugeot, dans les année 80 avait une créativité qui commençait à se limiter à savoir nommer des voitures avec 3 chiffres avec un 0 au milieu. Pas très excitant, on est d'accord. Heureusement à cette époque les agences de pub s'en donnaient à coeur joie et sont arrivés ainsi à maintenir la tête du lion de Sochaux hors du Doubs, en vendant les 205 comme des manalas un soir de Saint-Nicolas. Mais la réalité était là, cachée derrière des chiffres où le "sacré numéro" représentait plus de 50% du chiffre d'affaire de la marque. Peugeot n'avait plus d'idée et ses clients piétinaient d'impatience de voir sortir des nouveaux modèles.
Ainsi mes parents en pleine ascension sociale n'ont pas pu acheter la limousine de leur rêve qui aurait dû succéder à la 604. Même les Présidents de la République ne savaient plus dans quoi rouler, c'est vous dire. Peugeot à force de pub et de marketing s'était enterrée dans le milieu de gamme pour faire du volume et ça à part vous gonfler la part de marché ça ne fait rêver personne. Ni les clients qui se voient toujours dans une voiture plus belle que la leur, ni les actionnaires qui savent que les profits sont là où les clients achètent avec passion et non avec raison.
En oubliant leur clients et leur raison d'être " la bagnole quand même c'est pas rien" Peugeot a décroché du marché. Avec une obstination qui laisse encore pantois, impossible de faire sortir un monospace des griffes du lion. Mais enfin quand même, avec un des plus beaux taux de natalité en Europe on allait quand même pas continuer à se poser la question devant nos désuètes berlines de savoir si cette fois-ci on allait prendre les poussettes dans les bagages ou les bagages sans les poussettes. On veut les 2 et ça ne rentre pas dans une 405.
Bien sûr nos pères avaient développé un art de savoir faire rentrer 6 chaises louis XIII dans le coffre d'une 2CV, mais la génération suivante semblait moins enclin à appréhender le coffre de la voiture comme les 6 faces d'un rubik's cube. On voulait de l'espace et chez les Peugeot on était trop terre à terre pour ça.
Au moins pour remonter la pente on aurait souhaité que Peugeot nous sorte un 4X4 digne de ce nom. Parce que le 4X4 comme son nom l'indique ce n'est pas fait pour faire du tout terrain mais pour gérer sa crise de la quarantaine quand on a encore 3 gamins à l'arrière. Mais là encore autisme général de la direction et des bureaux d'études. Pendant que les concurrents s'en mettent plein les poches PSA roupille. Pire par fierté on s'entête. Les 4X4 c'est pas pour nous. Non mais on croit rêver, alors que les américains ne peuvent pas aller acheter une tranche de pain de mie sans prendre leur Jeep cherokee, les actionnaires de Peugeot décident dans leur coin que ça va passer. Et bien non.
A quoi bon faire de la pub et gagner des rallyes si l'on a rien à vendre? Parce le problème il est là. Aujourd'hui dans le milieu de gamme PSA est trop cher et dans les autres segments ils sont nul part. Pas étonnant qu'aujourd'hui, de chômage technique en chômage technique les plans de licenciements finissent par surgir. Mais que la gauche se rassure il ne s'agit pas de licenciements boursiers mais bien d'incompétence et cela depuis plus 20 ans. Quand les actionnaires sauront enfin virer des dirigeants incompétents même si ils font des profits l'avenir de notre industrie deviendra un peu moins fragile. Peugeot est une victime du marketing et des parts de marché qui ne trouve plus ses marques dans un marché à la fois mondialisé mais surtout hyper segmenté.
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