Very bad tripes 3
J+10, aujourd'hui , c'est la fin des agrafes. Direction le centre médical à 8H30.
Arrivé à l'accueil, on m'informe que pour les agrafes, ils font des forfaits par paquets de 10. J'arrive à négocier l'ablation de mes 26 agrafes pour le prix de 20. Aujourd'hui avec la crise tout se négocie.
Après une petite demie heure de queue, je m'introduis dans l'infirmerie pour me faire dézipper une bonne fois pour toute. Au bout de 4 agrafes l'infirmière semble faire une drôle de tête en me disant que j'ai dû venir trop tôt et que ça s'écarte un peu trop à son goût. Je lui assure que j'ai bien attendu mes 10 jours et qu'elle peut finir ce qu'elle à commercer. Elle se prépare ensuite à m'enlever les fils . Et là je dois avouer que j'ai dû mettre un peu le oh la en lui confirmant que les fils ne doivent pas être retirés et qu'ils disparaitront tout seul. Cela semble la rassurer sur l'état général de ma cicatrice et de son devenir. Voilà une fois de plus c'est moi qui assure mon suivi médical et qui fait force d'autorité dans des arbitrages dans lesquels je n'ai aucune compétence.
Cela me replonge dans mes jours d'hospitalisation où finalement dans le désert médical créé par le week-end pascal une sorte d'incertitude générale semblait flotter autour de mon cas. L'hôpital, c'est une machine , ou peut être une pieuvre. On sait quand on y rentre, on a beaucoup moins de certitudes sur sa sortie. Alors il faut se prendre en main.
Pour ça il faut écouter son corps et réfléchir. Nous sommes vendredi Saint, je suis reliée à l'hôpital par de multiples tuyaux. Oxygénation, perfusion, urination, tout est tuyauté pour que je survive sans effort. Ca tombe bien, après 5 heures de bloc, j'ai juste la force de survivre. Mais déjà grandissent en moi ces cauchemars et cette angoisse de ne pas savoir combien de temps l'hôpital va me garder dans ses tentacules salvatrices. Samedi, je vais avoir de la visite, je n'ai pas envie de ressembler trop à une pauvre fille.
Je n'ai aucune idée de ce à quoi je ressemble, mais j'imagine que les tuyaux que je sens dans le nez ne sont pas forcément du plus bel effet. Je discute avec une blouse blanche de mon oxygénation et on se met d'accord pour me l'enlever (vu que je suis à 100% et que je peux difficilement faire mieux). Tant que j'y suis je me passerais volontiers du tuyau de vidange urinaire mais là il va falloir arbitrer. Et ben oui parce que quand on est sous morphine, on ne contrôle plus tout Glups, plus de tuyaux pipi = plus de petits boutons pour m'envoyer de la morphine à vonlonté dans la perf . Rien à faire. Je suis trop coquette. Cette poche de pipi accrochée le long de mon lit ce n'est pas de mon âge, je dis donc goodbye à mon "Open bar morphine" pour me séparer de la quincaillerie liée à l'incontinence qu'elle engendre.
Je découvre que les montants latéraux de mon lit se baissent. Cool, mon lit ressemble de moins en moins à un berceau. J'ai l'impression de commencer à enrayer l'inévitable régression engendrée par mon état post-opératoire.
Bon au niveau des tuyaux je suis bonne. J'enfile correctement ma chemise de nuit en faisant passer tout le système de perf dans la manche du bras branché. Je réalise qu'il aurait sans doute été plus simple de débrancher un petit raccord à quelques centimètres de mon bras, mais je n'avais pas le cœur à contredire une infirmière qui mettait autant de bonne volonté pour m'aider à ressembler à quelque chose. Voilà pour moi ma journée était faite j'avais réussi mon coup de ressembler à un peu moins à n'importe quoi 24h00 après mon opération. Je vais pouvoir attendre tranquillement sur mon lit mes visiteurs de l'après-midi après cette mise au point matinale.
Et c'est la qu'une autre infirmière apparait et qui sans doute impressionnée par ma bonne présentation général me dit : "Et ben ça a l'air d'aller, on va faire du fauteuil". Oh non, je venais de me recoucher . J'avais envie de lui dire qu'il ne fallait pas se fier au apparence et qu'on venait à peine de me détuyauter partiellement, mais là encore je me suis dit que je n'ai pas le cœur à dire non à une infirmière de service un week-end de Pâques. On a déjà du mal à trouver des infirmières aujourd'hui, si en plus je commence à faire ma difficile je vais me sentir fautive de la crise de vocation que subit régulièrement cette filière. J'esquisse donc un sourire de demi-consentement que tous ceux qui me pratiquent connaissent bien. Vous savez ce sourire que l'on a quand on goûte pour la première fois du Saint-Honoré à la truffe.
Ce que je n'avais pas bien calculé c'est que 2 heures plus tard j'y étais toujours sur ce p.... de fauteuil en réalisant que je me trouvais maintenant bien trop loin du bouton "aide" pour réclamer une remise au lit manu militari. Il fallait donc attendre le retour d'une infirmière, un samedi matin de Pâques et dans l'aile nord de l'hôpital de Colombes, c'est très mais alors très calme. Je souffre en me disant que c'est pour mon bien comme lors d'un rendez-vous d'épilation.
La bonne nouvelle c'est que ce midi je commence à manger, malgré la perf. Là encore il faut négocier, on arrive sur un accord où je peux commencer un régime BYC. Moi j'aime pas trop le nom, puisqu'en général les stylo Bic servent aux infirmières à pincer les tuyaux de perf pour décoincer toute la plomberie en faisant gicler tout ça dans vos veines avec plus ou moins de délicatesse. On m'explique qu'il ne s'agit pas de ce BIC la, mais du regime BYC, "Bouillon Yaourt Compote". Hummmm, tout un programme. Bon je dis oui, sachant je nourissais en moi déjà le secret désir de faire un jour uen petite crotte ou 2
Mes visites se passent bien je frime même en faisant 10 minutes de fauteuil qui me semble tout à fait à ma portée après mon marathon du matin.
Demain c'est dimanche. Je décide de me faire belle. La chemise de nuit de l'hôpital ça va bien 2 jours mais là, quand même, Bobyy va m'acheter des pantalons de jogging ravissant que j'ai envie d'enfiler.
Je découvre que j'arrive à me tenir debout et que même si ça tire un petit peu il y a peu de chance que ma cicatrice pète vu qu'ils m'ont collé une dose d'agrafes à faire disjoncter un portail de sécurité à Roissy.
J'en profite pour aller me regarder dans la salle de bain où je découvre mon capital soleil engrangé au ski ce qui m'aide à être un peu moins pauv' fille que je ne le pensais (toute proportion gardée) . Aujourd'hui mon rêve serait de déposer une petite crotte au fond de la cuvette. Les flatulences de la veille m'ont encouragé dans l'idée qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Mes espoirs sont courronnés de succès par deux minuscules crottes de Pâques qui annoncent la remise en marche de la tuyauterie.
Je reçois des visites à nouveau l'après-midi et je me vois capable d'étendre mon espace de survie au couloir adjacent à ma chambre en raccompagnant mes visiteurs jusqu'à l'ascenseur. Je m'endors avec le sens du devoir accompli.
Demain c'est lundi de Pâques, je m'imagine déjà pouvoir peut-être éventuellement sortir de l'hôpital. Mais pour ça il faut demander à un médecin. Le vais donc voir de bon matin une infirmière en lui demandant quand je pourrais en voir un. L'infirmière me fait comprendre qu'un lundi de Pâques le médecin arrivera quand il arrivera. Bon OK. Je me dis aussi que des patients impatients de sortir il doit y en avoir quelques uns et que la meilleure technique pour m'extirper gracieusement de l'environnement hospitalier qui m'entoure serait de mener au préalable une petite campagne de bonne forme auprès des infirmières.
J'opte donc pour une stratégie audacieuse. La douche. Je l'ai vu hier en raccompagnant mes visiteurs. Elle est à l'autre bout du couloir. J'ai le temps ainsi de croiser tout le personnel médical qui traine dans mon aile avec une bonne raison. Je décide de jouer mon tout pour le tout en optant pour une stratégie relativement dénudée, avec comme seul atour ma serviette de bain nouée sur les reins. Il fait beau et j'ai la pêche. Je pars donc dans mon couloir en sifflotant du Céline Dion ( ça cartonne forcément auprès des infirmières) avec un air de même pas mal, comme si j'étais entrain de faire une Thalasso à Quiberon au frais de la sécurité sociale. Succès total. A 10h00 j'appelle Bobby pour lui annoncer que je peux sortir avant midi. Yesssss !
Arrivé à l'accueil, on m'informe que pour les agrafes, ils font des forfaits par paquets de 10. J'arrive à négocier l'ablation de mes 26 agrafes pour le prix de 20. Aujourd'hui avec la crise tout se négocie.
Après une petite demie heure de queue, je m'introduis dans l'infirmerie pour me faire dézipper une bonne fois pour toute. Au bout de 4 agrafes l'infirmière semble faire une drôle de tête en me disant que j'ai dû venir trop tôt et que ça s'écarte un peu trop à son goût. Je lui assure que j'ai bien attendu mes 10 jours et qu'elle peut finir ce qu'elle à commercer. Elle se prépare ensuite à m'enlever les fils . Et là je dois avouer que j'ai dû mettre un peu le oh la en lui confirmant que les fils ne doivent pas être retirés et qu'ils disparaitront tout seul. Cela semble la rassurer sur l'état général de ma cicatrice et de son devenir. Voilà une fois de plus c'est moi qui assure mon suivi médical et qui fait force d'autorité dans des arbitrages dans lesquels je n'ai aucune compétence.
Cela me replonge dans mes jours d'hospitalisation où finalement dans le désert médical créé par le week-end pascal une sorte d'incertitude générale semblait flotter autour de mon cas. L'hôpital, c'est une machine , ou peut être une pieuvre. On sait quand on y rentre, on a beaucoup moins de certitudes sur sa sortie. Alors il faut se prendre en main.
Pour ça il faut écouter son corps et réfléchir. Nous sommes vendredi Saint, je suis reliée à l'hôpital par de multiples tuyaux. Oxygénation, perfusion, urination, tout est tuyauté pour que je survive sans effort. Ca tombe bien, après 5 heures de bloc, j'ai juste la force de survivre. Mais déjà grandissent en moi ces cauchemars et cette angoisse de ne pas savoir combien de temps l'hôpital va me garder dans ses tentacules salvatrices. Samedi, je vais avoir de la visite, je n'ai pas envie de ressembler trop à une pauvre fille.
Je n'ai aucune idée de ce à quoi je ressemble, mais j'imagine que les tuyaux que je sens dans le nez ne sont pas forcément du plus bel effet. Je discute avec une blouse blanche de mon oxygénation et on se met d'accord pour me l'enlever (vu que je suis à 100% et que je peux difficilement faire mieux). Tant que j'y suis je me passerais volontiers du tuyau de vidange urinaire mais là il va falloir arbitrer. Et ben oui parce que quand on est sous morphine, on ne contrôle plus tout Glups, plus de tuyaux pipi = plus de petits boutons pour m'envoyer de la morphine à vonlonté dans la perf . Rien à faire. Je suis trop coquette. Cette poche de pipi accrochée le long de mon lit ce n'est pas de mon âge, je dis donc goodbye à mon "Open bar morphine" pour me séparer de la quincaillerie liée à l'incontinence qu'elle engendre.
Je découvre que les montants latéraux de mon lit se baissent. Cool, mon lit ressemble de moins en moins à un berceau. J'ai l'impression de commencer à enrayer l'inévitable régression engendrée par mon état post-opératoire.
Bon au niveau des tuyaux je suis bonne. J'enfile correctement ma chemise de nuit en faisant passer tout le système de perf dans la manche du bras branché. Je réalise qu'il aurait sans doute été plus simple de débrancher un petit raccord à quelques centimètres de mon bras, mais je n'avais pas le cœur à contredire une infirmière qui mettait autant de bonne volonté pour m'aider à ressembler à quelque chose. Voilà pour moi ma journée était faite j'avais réussi mon coup de ressembler à un peu moins à n'importe quoi 24h00 après mon opération. Je vais pouvoir attendre tranquillement sur mon lit mes visiteurs de l'après-midi après cette mise au point matinale.
Et c'est la qu'une autre infirmière apparait et qui sans doute impressionnée par ma bonne présentation général me dit : "Et ben ça a l'air d'aller, on va faire du fauteuil". Oh non, je venais de me recoucher . J'avais envie de lui dire qu'il ne fallait pas se fier au apparence et qu'on venait à peine de me détuyauter partiellement, mais là encore je me suis dit que je n'ai pas le cœur à dire non à une infirmière de service un week-end de Pâques. On a déjà du mal à trouver des infirmières aujourd'hui, si en plus je commence à faire ma difficile je vais me sentir fautive de la crise de vocation que subit régulièrement cette filière. J'esquisse donc un sourire de demi-consentement que tous ceux qui me pratiquent connaissent bien. Vous savez ce sourire que l'on a quand on goûte pour la première fois du Saint-Honoré à la truffe.
Ce que je n'avais pas bien calculé c'est que 2 heures plus tard j'y étais toujours sur ce p.... de fauteuil en réalisant que je me trouvais maintenant bien trop loin du bouton "aide" pour réclamer une remise au lit manu militari. Il fallait donc attendre le retour d'une infirmière, un samedi matin de Pâques et dans l'aile nord de l'hôpital de Colombes, c'est très mais alors très calme. Je souffre en me disant que c'est pour mon bien comme lors d'un rendez-vous d'épilation.
La bonne nouvelle c'est que ce midi je commence à manger, malgré la perf. Là encore il faut négocier, on arrive sur un accord où je peux commencer un régime BYC. Moi j'aime pas trop le nom, puisqu'en général les stylo Bic servent aux infirmières à pincer les tuyaux de perf pour décoincer toute la plomberie en faisant gicler tout ça dans vos veines avec plus ou moins de délicatesse. On m'explique qu'il ne s'agit pas de ce BIC la, mais du regime BYC, "Bouillon Yaourt Compote". Hummmm, tout un programme. Bon je dis oui, sachant je nourissais en moi déjà le secret désir de faire un jour uen petite crotte ou 2
Mes visites se passent bien je frime même en faisant 10 minutes de fauteuil qui me semble tout à fait à ma portée après mon marathon du matin.
Demain c'est dimanche. Je décide de me faire belle. La chemise de nuit de l'hôpital ça va bien 2 jours mais là, quand même, Bobyy va m'acheter des pantalons de jogging ravissant que j'ai envie d'enfiler.
Je découvre que j'arrive à me tenir debout et que même si ça tire un petit peu il y a peu de chance que ma cicatrice pète vu qu'ils m'ont collé une dose d'agrafes à faire disjoncter un portail de sécurité à Roissy.
J'en profite pour aller me regarder dans la salle de bain où je découvre mon capital soleil engrangé au ski ce qui m'aide à être un peu moins pauv' fille que je ne le pensais (toute proportion gardée) . Aujourd'hui mon rêve serait de déposer une petite crotte au fond de la cuvette. Les flatulences de la veille m'ont encouragé dans l'idée qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Mes espoirs sont courronnés de succès par deux minuscules crottes de Pâques qui annoncent la remise en marche de la tuyauterie.
Je reçois des visites à nouveau l'après-midi et je me vois capable d'étendre mon espace de survie au couloir adjacent à ma chambre en raccompagnant mes visiteurs jusqu'à l'ascenseur. Je m'endors avec le sens du devoir accompli.
Demain c'est lundi de Pâques, je m'imagine déjà pouvoir peut-être éventuellement sortir de l'hôpital. Mais pour ça il faut demander à un médecin. Le vais donc voir de bon matin une infirmière en lui demandant quand je pourrais en voir un. L'infirmière me fait comprendre qu'un lundi de Pâques le médecin arrivera quand il arrivera. Bon OK. Je me dis aussi que des patients impatients de sortir il doit y en avoir quelques uns et que la meilleure technique pour m'extirper gracieusement de l'environnement hospitalier qui m'entoure serait de mener au préalable une petite campagne de bonne forme auprès des infirmières.
J'opte donc pour une stratégie audacieuse. La douche. Je l'ai vu hier en raccompagnant mes visiteurs. Elle est à l'autre bout du couloir. J'ai le temps ainsi de croiser tout le personnel médical qui traine dans mon aile avec une bonne raison. Je décide de jouer mon tout pour le tout en optant pour une stratégie relativement dénudée, avec comme seul atour ma serviette de bain nouée sur les reins. Il fait beau et j'ai la pêche. Je pars donc dans mon couloir en sifflotant du Céline Dion ( ça cartonne forcément auprès des infirmières) avec un air de même pas mal, comme si j'étais entrain de faire une Thalasso à Quiberon au frais de la sécurité sociale. Succès total. A 10h00 j'appelle Bobby pour lui annoncer que je peux sortir avant midi. Yesssss !
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