Saint-Yanis riez pour nous


C'est la peur du ridicule qui nous immobilise. La peur de poser la mauvaise question, la peur de donner la mauvaise réponse, la peur de dire ce que l'on pense, la peur d'être gay (faire son coming out). Toutes ces peurs ne nous tuent pas mais nous clouent doucement mais sûrement sur la croix. Il ne reste plus alors qu'à attendre la lente asphyxie entrainée par le poids de notre corps riveté à nos lâchetés. On peut ou non croire en Dieu, mais il faut reconnaitre qu'il ne faut pas avoir peur du ridicule pour aller dire à tout le monde comme Moïse, Jesus ou Mahomet qu'on est l'élu, THE ONE. Faites vous même l'essai de vous autoproclamer le messie lors d'un diner en ville (profitez-en pour vous désigner quelques apôtres), peu de chance que vous soyez réinvités. Si la résurrection du Christ doit nous apprendre quelque chose c'est bien que le ridicule ne tue pas et que le rire sera toujours plus fort que le sérieux. Parlons-en du sérieux. Le paradoxe veut que le sérieux soit l'apanage de l'église, de toutes les églises, religieuses, politiques, économiques... L'église et le sérieux ne font qu'un. Pas question pour un prêtre d'envoyer une vanne depuis son autel. On est là pour se faire sermonner et puis c'est tout. Pareil pour la politique, si les orateurs savent pourtant que l'humour vous donnera toujours les faveurs du public, impossible cependant pour un Président de la République ou de la banque mondial d'en faire. Je vois donc de plus en plus la mégalomanie de nos prophètes avec beaucoup de tendresse parce qu'ils ont osé être ridicule et nos prêtres avec beaucoup de mépris parce qu'ils ont irrémédiablement écrasé avec leur église la légèreté de nos sauveurs, qui voulaient surtout nous sauver du sérieux.

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