Le Mucem se voile la face

Le but du Mucem est de regrouper sous le même toit les témoignages des civilisations du bassin méditerranéen. Si la même mer les rassemble, beaucoup de choses les séparent créant ainsi une belle diversité de cultures. Tout serait le mieux dans le meilleur des mondes, si la religion ne poussait pas le fanatisme à l'extrême en transformant nos variations en ségrégation, nos habitudes ancestrales en idéologies et finalement Dieu en une bonne raison de faire la guerre. Il est ainsi ironique de remarquer que là où l'architecte du Mucem semble avoir échoué, c'est dans la gestion de la lumière qui traverse le bâtiment. Il n'est pas le premier,  Jean Nouvel s'est déjà cassé les dents sur le sujet avec des diaphragmes qui ne bougent plus à l'Institut du Monde arabe et des volets en batterie peu concluant pour filtrer la lumière qui pénètre dans le musée du quai Branly.

Aujourd'hui pour se mettre en scène, le monde que nous exposons doit bloquer la lumière du soleil pour réapparaitre sous la lumière de la lampe. Nos grands magasins ont depuis belle lurette calfeutré leurs larges fenêtres pour nous vendre leur merveilles, les centres commerciaux sont maintenant construits sans aucune fenêtre et sans que personne ne s'en plaigne. Il n'y a guère que les architecte de musée qui s'évertuent encore à nous faire des jolies boites en verre là ou la muséographie contemporaine ne rêve que de noir et de spots au faisceaux dociles et tamisés. Faire des boites noires n'a jamais intéressé grand monde dans le milieu de l'architecture (pour l'instant). On ne se bat pas au portillon pour poser son illustre nom sur un centre commercial ou un complexe de cinéma. Parce que c'est bien le verre, la transparence, qui fait la noblesse de l'architecture contemporaine. Malheureusement elle ne fait pas recette dans notre monde mercantilisé jusque dans ses musées. La structure ajourée du Mucem est obscène. Les jeux d'ombres et de lumières que l'architecture crée naturellement contrarie le despotisme des spots et de la vidéo qui sont les deux mamelles d'une muséographie contemporaine réussie.
Le Mucem sur ses 2 niveaux d'exposition porte donc le voile pour interrompre l'insupportable érotisme qui nait de l'interaction de la lumière naturelle avec celle de notre imaginaire électrique. Ces grands rideaux de voiles noirs sont une insulte évidente à la transparence et à la pureté du bâtiment qui doit se voiler pour plaire aux modes scénographiques, se travestir d'un rideau omniprésent aux formes molles et vagues qui ne lui ressemblent pas. C'est ce voile porté par les femmes musulmanes que nous contestons dans la pratique de la vie publique républicaine, que nous venons d'introniser sur toutes les façades de notre musée des civilisations plus méditerranéen que républicain.

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