Papa ou Maman


La comédie est loin d'être un art mineur, rire nous fait vivre sinon à quoi bon ? La jubilation d'une bonne comédie est d'autant plus complète qu'elle touche par son ridicule et son absurde aux raideurs d'une culture moins souple que notre esprit.

Le numéro 2 de Papa ou Maman confirme la bonne surprise du premier. Les acteurs sont excellents et le film vise une fois encore en plein dans le mille, au cœur de la relation parent enfant dans un monde qui évolue sur ce sujet à toute vitesse.
On pourrait penser a priori que le fond du film nous invite à une réflexion sur la garde des enfants avec un père perché en haut d'une tour qui tente en vain de récupérer une garde que la société engoncée dans ses préjugés donne trop souvent à la mère.
Pas du tout le film se fout pas mal de savoir si un père est meilleur qu'une mère pour élever ses enfants en les renvoyant tous les 2 dos à dos pour nous poser la vraie question qui ne cesse d'ailleurs de changer de réponse? : Mais pourquoi fait-on des enfants ? 

La France est un pays qui par ses allocations familiales semble encore envisager ses enfants comme une variable démographique que l'on peut ajuster à petits coups de subventions. Comme si on faisait encore des enfants pour les envoyer à la guerre, aux champs, à la mine ou actuellement pour payer nos retraites. En bref on ferait plus des enfants pour notre avenir que pour le leur.

Et finalement si  on faisait des enfants pour qu'ils s'occupent de nous, plutôt que l'inverse. Si l'on regarde un peu devant nous on se rend compte facilement que ce sont eux qui ont le plus à perdre si cela se passe mal. Les enfants d' aujourd'hui doivent passer à leur parents tous leurs caprices et en premier lieu ceux des vicissitudes de l'amour romantique. Je veux m'aimer, je veux qu'on m'aime pour ce que je suis, je veux être aimé pour moi. Un jeu de miroir qui en nous étourdissant inquiète nos enfants.

Le film nous montre un homme et une femme sans aucune maturité puisqu'ils refusent eux-mêmes de rentrer dans la stérilité d'un monde d'adulte dans lequel on ne joue plus. Florence construit des éoliennes, Vincent est gynécologue. Ils contribuent pourtant tous les 2 de manière professionnelle et responsable à la vie commune, mais ne se résignent pas pour autant à l'idée d'être juste les parents de leurs enfants. Faute de mieux ils se rejettent la responsabilité d'assumer l'élevage de leurs enfant sur l'autre. On ne fait plus des enfants pour payer sa retraite, c'est maintenant acquis, mais malheureusement on croit encore faire des enfants par amour d'où tout le drame du divorce. Le "fait moi un enfant" que l'on susurre à l'oreille de son géniteur peut avoir des lendemains moins érotique. Et si finalement les parents n'étaient que des profiteurs d'un jeu où les enfants ne sont que les victimes de leur procréation compulsive. Vincent et Flo semblent avoir fait des enfants, comme on va faire des courses. Ils aiment leurs enfants comme un produit de consommation que l'on expose sur une étagère plus par culpabilité de le jeter que par envie de le garder. Le film semble nous dire à raison, que les enfants doivent commencer à gérer leur avenir sans trop se soucier des délires de leur parents. La franchise Papa ou Maman renverse le bon vieux principe qui consiste à penser que la sagesse est du coté des anciens et la pulsion du coté des plus jeunes. Vincent et Florence ne s'aiment jamais autant que lorsqu'ils se poursuivent en souhaitant "pour de rire" la mort de l'autre, alors que leurs enfants en payent les conséquences.
Le film pose une question interessante, celle du rôle de l'enfant et des parents dans un monde qui se dirige d'ici la fin du siècle vers l'apaisement démographique. Ce monde étrange qui aura tordu le cou à la mortalité infantile et où finalement il n'y aura pas plus d'enfants que de parents. Un monde où l'on donnera alors à chacun autant de chance de s'amuser.

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