Des marques et des hommes
Le sport est une relation Maso/Maso c’est à dire qu’il doit
nous apprendre le plaisir de perdre que nous offre le gagnant qui a gagné en
respectant les règles et les
limites que nous nous sommes imposées. Celui qui ne sait pas perdre ne peut pas
faire de sport. Celui qui n’aime pas perdre aura une existence de sportif
misérable. Le sport est un donc un exercice masochiste salutaire pour nous
apprendre l’humilité et nous vacciner contre l’humiliation de perdre dans un
monde où l’on se respecte. C'est à dire où tout le monde est gagnant.
Malheureusement, avec leurs regards, les spectateurs chosifient le dominant en
gagnant et le soumis en perdant et dénaturent la noblesse du sport qui respecte aussi bien l'un que l'autre. Le sportif d'aujourd'hui veut
gagner à tout prix pour plaire à ses supporters. Le respect entre les
adversaires s’étiole. Le plaisir de perdre est
perdu et le sport devient un combat. Le sport est l’égal plaisir que l’on a de dominer et de se
soumettre dans un monde où les règles sont claires et équitables et où l’on se respecte.
Il faut reconnaitre que notre civilisation nous envoie des
signaux contradictoires sur sa vision du sport. Nous sommes écartelés entre d'un coté des
éducateurs qui portent aux nues le sport comme le plaisir de partager et de rencontrer d’autres
sportifs sur la rengaine de Coubertin "l'essentiel est de participer" et de l'autre les enjeux financiers et honorifiques qui troublent sa valeur en
transformant le sport en combat. Bref nos enfants en shootant dans un ballon où devant les Jeux de Londres qui s'ouvrent aujourd'hui
ne savent plus quoi penser et cela depuis que leurs parents ont fait du sport un
spectacle.
Si nous sommes tous à mon avis un mélange du masculin et féminin que je caractérise respectivement par la domination et la séduction plutôt que par nos attributs génitaux. Il n'en va pas de même pour les choses et les activités qui nous entourent. Ainsi les Jeux Olympiques restent la plus grande fête de la virilité. Une quintessence de ce que l'homme veut être "dominer une discipline en soumettant le reste du monde". Demi dieu dans l'antiquité, le sportif d'aujourd 'hui est plus qu'un exemple, ou un père pour les générations à venir, car par les jeux de miroirs que leur offre nos petits écrans, le super homme olympique devient instantanément un séducteur. Il ne récoltera d'ailleurs pleinement le fruit de son effort qu' en acceptant de se trouver embarqué dans le jeu réciproque de séduction planétaire imposé par ses sponsors. Car les marques sont des femmes. Elles ne veulent qu'une chose vous séduire. Ainsi grâce au pouvoir des marques qui les soutiennent, un grand champion olympique ne peut être autre chose finalement qu'un super homme qui doit se muer encore essoufflé en une super femme dès qu'il a gagné.
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