Le tango des genres fait valser nos valeurs
Le tango met en scène un monde macho sans que ni l’homme ni
la femme ne soit dupe. Pure mise en scène de la séduction et de la domination,
le tango mêle le masculin et le féminin. Le masculin est mis en scène par le
couple dans un rapport exagéré de domination soumission entre les danseurs
alors que la séduction se dégage de la noblesse des attitudes et de la facilité
apparente que dégagent les danseurs dans leur corps à corps romantique. Nous
découvrons que le genre appartient à un rôle et non plus à un sexe. Le genre se
définit par nos actes et le tango en joue. Rien de tel par exemple dans la
valse qui n’est qu’une mise en mouvement de la passion sexuelle. Contrairement
au tango, la parfaite symétrie des mouvements des deux danseurs nous donne un
sentiment de deux miroirs mis face à face. La valse est une mise en abime
effrayante (s’aimer dans le regard de l’autre) dont on ne redoute qu’une chose,
sa fin. La valse est apocalyptique. Quand la valse s’arrête, c’est le monde qui
cesse de tourner autour de vous. La valse c’est la passion, la surenchère,
l’étourdissement alors que le tango c’est le jeu conscient des genres qui
conduit à l’amour et au respect.
Diviser le monde en deux sur la base de notre sexe, ne nous
apprend pas grand-chose sur nous. Il est beaucoup plus intéressant de connaître
notre propre mélange des genres et d’en jouer. Nous sommes tous un mélange de
féminité et de virilité, mêlant chacun différemment le désir de séduire ou la
volonté de dominer. Il suffit de se battre pour être viril. Il suffit de
séduire ou d’aimer être séduit pour se féminiser. Ce que la valse ne sait pas
faire : désamorcer la charge sexuelle pour y voir plus clairement dans
notre genre, le tango le peut. La valse est un galop aveugle un perpétuel
déséquilibre entretenue par trois temps qui ne nous permettent jamais d’avoir
les deux pieds sur terre. Le Tango fustige notre monde moderne alimenté par une
charge sexuelle aujourd’hui inappropriée. Le tango est une danse à deux ou
quatre temps, stable, libre de ses mouvements et capable de varier les tempos.
On valsera à en vomir, mais on dansera toujours le tango pour le plaisir.
Mais alors qu’elle est notre genre ? Notre genre est
une vérité et comme toute vérité elle se vit de l’intérieur, c’est vous et vous
seul qui savez vers où vous conduit votre âme. Bien sûr notre société nous
conditionne à devenir le genre de notre sexe pour des raisons ancestrales. Mais
malgré tout ça notre vérité est plus forte. La gay pride qui défilait hier dans
les rues de Paris en est une des nombreuses preuves.
Que faire alors de nos propensions naturelles mais malheureusement
encore souvent associables à être plus ou moins homme et femme ? Et bien tout
ce que nous avons de masculin en nous peut nous aider à être un meilleur père,
tout ce que nous avons de féminin peut nous aider à être une meilleure mère. Un
père vous inspire, alors qu’un homme vous soumet. Une femme vous séduit, alors
qu’une mère vous aime. Transformer le potentiel que nous offre chaque genre en
qualité paternelle et maternelle nous conduit tout droit vers les vertus de l’adoption.
Nous développons ainsi en plus du jeu sans fin qu’offre les rôles d’hommes et de
femmes, la possibilité d’un dépassement de soi par l’adoption. J’adopte un père
pour son esprit, une mère m’adopte par amour.
En ce moment la France avance sur le sujet du mariage homosexuel qui restait coincé
dans notre pays à cause d’une idée désuet du genre humain, en même temps l’Argentine
et son tango nous emmène vers un monde nouveau. Un monde où la loi nous donne
le droit de choisir notre genre sans ingérence dans notre corps. Sans opérations,
sans reniements, sans tests, sur la base unique de votre âme et conscience. On
ne peut qu’applaudir de nos deux mains d’ex –primate de voir la patrie du tango
faire tanguer les frontières du genre au delà du sexe de chacun et au grès de
la fantaisie humaine pour suivre notre vérité intérieure qui est finalement notre
meilleur guide.
Grâce aux Argentins enfin quelque part sur notre planète hommes
et femmes ne sont plus synonymes de mâles et femelles. Ouf, il était temps. Voila une bonne idée pour Féeland, notre ministre de la famille
A propos de notre photo :
Alors
que la liberté sexuelle en général (hors des circuits "autorisés" pour
les célibataires : la prostitution), et l'homosexualité étaient durement
réprimés, la notion de danse d' "entrainement", dans des milieux virils
de surcroît, faisait probablement partie du paysage social admis de
l'Argentine à la fin du 18e et au début du 19e siècle. Cette pratique
était commune à toutes les danses et sur tous les continents et mers du
monde. S'agissait il simplement d'"entrainement" car on peut penser que l'interdiction faite le 2 Mars 1916, par le Maire de Buenos
Aires, de pratiquer la danse entre hommes, était une preuve que cette pratique était usuelle.
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