Deadpool


Difficile de passer à coté du phénomène Deadpool qui avec un budget dérisoire, par rapport aux Avengers et une classification "interdit aux mineurs non accompagné" au Etats-Unis aurait dû faire de ce film un "loser" du box office. Il n'en est rien puisque que Deadpool s'annonce comme le meilleur démarrage de tous les temps. Comme quoi le "politically incorrect" peut lui aussi faire recette, même aux Etats-Unis.

Deadpool casse les codes manichéens habituels des super héros qui se divisent généralement en deux clans : les super-gentils et les super-méchants. Deadpool a toute la panoplie d'un super héros mais ne semble pas embarrassé par les questions morales qui tarabustent la plupart des justiciers en combinaison ultra moulante.

Deadpool aime sa compagne plus que la justice voilà tout. Très bien mais alors, contre quoi un super héros amoral peut-il bien se battre tous les jours. Contre la maladie. Et dans son cas contre le cancer qui le ronge.

Deadpool à tout d'un héros faustien, qui va vendre son corps au diable pour survivre . La laideur du corps dont il hérite lui garantie par ses capacités de régéneressence  la vie éternel mais l'éloigne de sa bien aimée qu'il n'ose plus approché. La séduction du corps doit laissé place la la séduction de son âme, un saut dans le vide que Wade Wilson, ( alias Deadpool) n'est pas prêt à tenter.

Le destin de Deadpool est étrange. Il aurait dû devenir une chose de laboratoire rendu esclave par un collier électronique auquel il a pu échapper. Il est finalement libre comme un rat de laboratoire écorché vif qui se serait échappé de sa cage.
Le voila non plus soumis au pouvoir du diable et de ses pouvoir médicaux mais capable de lui faire face d'égal à égal. Le film dépasse ainsi la simple intrigue faustienne. Wade est libre et immortel ce n'est pas un dieu pour autant mais il peut quand même tuer le diable. Le diable est incarné par un pseudo médecin sadique insensible à la douleur mais tout à fait mortel.

Au delà de ce drame et de son dénouement, Deadpool est avant tout un film sur le cancer. D'un coté un médecin insensible prêt à tenter toutes les  expériences et en particulier d'infliger la douleur pour parvenir à déclencher chez ses patients des métamorphoses. De l'autre un homme seul face à son cancer qui se détache de celle qu'il aime pour ne pas lui imposer la douleur de sa mort. De ce fait Wade Wilson va se détacher finalement de tout et surtout de lui même. D'où la dérision extrême avec laquelle il aborde le monde. Détachement qui va jusqu'à prendre à parti le spectateur. Deadpool n'est finalement dupe de rien même pas de son rôle de personnage dans le film qui n'existe que pour nous divertir. On retrouve le même cynisme dans la BD où à la question "Tu es où Deadpool ?", il répond "Dans la case 3 de la page 12 d'une BD".

Deadpool est un donc super héros pas comme les autres, car son cancer l'a conduit à avoir une conscience de la futilité de son existence supérieure à celle des autres super héros.
Il incarne aussi un affranchi de la médecine de demain.
Accepter un corps à la fois métamorphosé mais libre de droits. Un corps laid mais libre. Notre héros se résigne à accepter une métamorphose ultra douloureuse qui l'avilit et le protège à la fois. Un corps produit par un  laboratoire privé mais dont il finit par revendiquer la propriété. Il ne veut pas être un cobaye de plus qui se plie aux demandes sans fin d'une médecine qui le leurre et qui profite de son angoisse face au cancer. Deadpool casse devant nous avec un plaisir non dissimulé l'envie viscérale de la médecine de vouloir posséder notre corps en profitant souvent lâchement de notre désespoir de malade.

Ce qui sauve Deadpool de son cancer n'est donc pas sa peur de mourir qui finalement l'asservie, mais l'envie d'exister nu dans le cœur de celle qu'il aime.  Contrairement à l'envie de vivre, la liberté d'exister n'est pas celle que l'on prend mais bien celle que l'on vous donne.


Pour d'autres articles sur les super héros  : Le plein de super

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