Les naufragés du réel

La plage nous allèche avec sa promesse de liberté. Mais c'est toujours la réalité qu'elle nous livre en guise de libération. Le paysage est toujours une vision humaine de la nature. Les bocages, les vaches, les sentiers, les champs et les sentiers, cette maison au loin, ce fil électrique. Tout nous ramène à nous. 

La plage elle nous invite à laisser tout cela derrière nous et d'avancer sur la grève pour faire face à la mer qui  lave le monde de notre empreinte. Nous sommes face au réel, c'est à dire un monde qui nous ignore et sur lequel nous avons si peu de pouvoir. 

L'estuaire de Rizzanese possède cette force intacte sans buvette ni parasol de nous rappeler que le monde n'a pas besoin de nous. Notre regard au ras du sable se porte vers l'horizon et ne voit rien de plus qu'une ligne là où pourtant la réalité se courbe pour former une boule bleue qui nous fascine et nous dépasse. Après avoir gouté les vertiges du réel et  ivre du vent et d'absolu nous tournons le dos au large et rentrons chez nous dans le confort de l'étroit.