Le deserteur


On ne peut pas appréhender la controverse lancée par notre ex Depardieu national sans poser  la question de l’impôt. L’impôt à la fin du 19ème siècle était déjà jugé insupportable par l’Angleterre victorienne, alors qu’il ne ponctionnait que 2 % de ses revenus. Oui, oui 2%. Ainsi depuis plus de 100 ans pour rester politiquement correct vis à vis de nos concitoyens les plus démunis, on ne remet donc plus jamais en cause l’idée d’impôt mais toujours son niveau. Le problème de l’impôt c’est que quelque soit son niveau, il nous semble toujours trop haut.
Au grès des élections on y va donc de sa petite formule pour alléger les charges d’un coté et les augmenter de l’autre. Les gouvernements agissent un peu comme ces grands lessiviers qui nous trouvent toujours une nouvelle formule pour nous vendre à peu près la même poudre. Un coup de TVA par ici, un coup de crédit d’impôt par là, et une petite déduction si on a été bien sage.

Ce qui est dommage avec l’impôt, c’est qu’il est obligatoire. Le fait du Prince est devenu le fait de l’Etat démocratique, on ne lève plus de l’impôt pour la guerre, on en lève maintenant pour à peu près tout. Et ça coûte cher trop cher. L’administration sclérosée et les besoins féroces de Rome pour maintenir son administration l’ont entraîné vers sa perte. Notre Obélix semble donc défier l’administration française, comme ce petit village gaulois qui ne voulait pas se soumettre à une administration romaine lointaine et couteuse.

L’aversion de Gérad D. aux impôts n’est pas nouvelle et cela n’a pas grand-chose à voir avec les réformes récentes. En 1982, notre pantagruélique acteur se plaignait déjà lors d’une interview avec Jacques Chancel de ne pas arriver à joindre les 2 bouts à cause de ces foutus impôt.

Ce que l’impôt a de foncièrement injuste, c’est que certains arrivent à trouver la clef du paradis ( fiscal bien sûr ) pendant que d’autres rôtissent dans les flammes du prélèvement obligatoire quand il n’est pas à la source. Et quand on est un people et que l’on cachetonne gros ça se voit plus que lorsqu’on fait de la haute ou de la moins haute finance dans l’ombre d’un bureau. Le salarié en prend donc plein la gueule quand il s’agit d’impôt sur le revenu pendant que d’autres peuvent trouver des montages plus créatifs pour alléger leur souffrance.

On souffre toujours quand on paye ses impôts parce que lorsque l’on vous prend quelque chose de force on vous enlève évidemment le plaisir de le donner.
Philippe Bouvard ex grand fraudeur devant le fisc éternel nous le disait à peu près de cette manière  « Vu qu’on me prend chaque année beaucoup d’argent, on pourrait au moins me dire Merci. »
Et bien non , cette simple délicatesse que l’on apprend au plus jeune pour éviter que notre société ne parte pas en eau de boudin ne semble pas être du gout de l’Etat. Notre Etat avec son « E » majuscule souffre encore d’un mal dont il va vite guérir vu l’état de ses finances : la-toute-puissance. 

Ce qu’un Depardieu cherche par son effronterie toute gauloise, c’est de dire à notre Etat aux manières impérialistes, qu‘il manque de manière pour lui prendre son argent. Dans ces cas là on ne s’étend pas sur ce qui aurait du être fait, et on assène un « trop c’est trop » en claquant la porte pour la Belgique. Le qualificatif de minable utilisé par le premier de nos ministres nous en dit long sur l’aspect subjectif et émotionnel de ces dossiers de tous ceux qui menace de quitter la France. On peut se souvenir à ce titre du « Casse toi riche con » en une de Libération à l’encontre de Bernard Arnaud, quelque peu outrancier et qui montre bien la charge émotionnelle de ces dossier. Pourquoi ne peut-on pas faire des riches des bienfaiteurs plutôt que des vaches que l’on emmène à la trayeuse automatique ?

Pourquoi les états socialistes ne croient-ils pas en l’homme ? Pourquoi doit-on trouver dans le socialisme une sorte de religion du partage qui conduit immanquablement à la grande inquisition du control fiscal. L’impôt sur le revenu est un impôt hautement idéologique et faiblement rentable pourquoi ne pas avoir le courage quand on est un homme de gauche de laisser chacun donner son argent là où ça lui semble nécessaire pour justifier de son devoir de citoyen ? On ne parle pas des grands équilibres de l’Etat qui sont financés par des impôts aux assiettes larges et aux rendements élevés. Mais ne pourrait-on pas réformer une fois pour toute l’impôt sur les revenus en France pour reprendre la voie d’une donation citoyenne plutôt qu’une obligation régalienne.

Il n’y pas si longtemps on tirait sur les déserteurs. Aujourd‘hui le service national obligatoire n’est plus qu’un vieux souvenir. Notre armée s‘est professionnalisée, il serait temps que notre administration fiscale en fasse de même en cessant de persécuter ses contribuables.


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