Guerre civile en France : 20 morts


Et si Charlie, était le début d'autre chose. Un être instantanément construit par la collectivité pour s'exprimer par l'adhésion du nombre contre les injustices et les barbaries qui se produisent sur terre. Les manifestations dans la rue ne seraient qu'une sorte de flash mob qui réveillerait tout d'un coup une conscience collective par le poids de la foule qui communique sur les réseaux sociaux. Les millions de manifestants aussi impressionnant soit-il n'est que la partie visible d'un réseau d'hommes et de femmes bien plus large qui s'expriment et s'agrègent autour de grandes idées, comme celle de la liberté d'expression.

Charlie n'est l'idée d'aucun parti, d'aucune ONG. C'est un mouvement qui a même dépassé rapidement le cadre national pour devenir européen, puis finalement mondial. Il semblerait que la puissance d'un mouvement spontané comme Charlie force les citoyens du monde entier à prendre part à une crise. Ce n'est pas Hollande qui a invité Merkel ou John Kerry à Paris mais bel et bien Charlie. Une sorte d'hyper citoyen capable de mobiliser dans toutes les parties du monde des hommes qui s'unissent pour la même cause avec une rapidité hors normes surmultipliée par internet. Charlie est un "supercitoyen" du monde et à ce titre la plupart des dirigeants des nations qui possèdent des citoyens sur leur territoire qui composent ce "supercitoyen", par leur adhésion, doivent se positionner face à lui.
Avec Charlie et les réseaux sociaux la puissance de mobilisation que représente internet acquière ses lettres de noblesse dans la politique internationale. Merkel au nom de l'islamophobie qu'elle pourchasse doit se joindre au cortège à tout prix. Cameron par son engagement dans la lutte anti-terroriste aussi. Nul besoin de coordination, de préavis comme cela serait le cas d'un G20, les politiques sont convoqués "manu populi" par l'émotion d'un peuple transnational face à une crise.

Les premiers surpris dans cette affaire sont les américains, leaders jusqu'à présent de l'agenda international, qui se retrouvent à courir derrière Charlie pour s'excuser de leur retard à se rallier. On croit rêver. Et bien non, nous sommes de plein pieds dans le 21ème siècle. Il aura fallu attendre le début de cette année 2015, pour voir toute l'énergie politique qu'internet peut dégager face aux crises de notre nouveau siècle.

Si Charlie est évidement une très mauvaise nouvelle pour tout les censeurs de la planète qui voudraient que l'on évite de dire tout haut ce que l'on pense tout bas, elle est aussi une menace pour le concept même de nation qui d'une certaine manière a autant à perdre que les religions dans sa représentation et son influence mondiale face à des phénomènes comme Charlie.

La nation doit, elle aussi, faire face à Charlie et avaler son chapeau en acceptant qu'un outrage à la république et à ses symboles doit être abandonné pour les mêmes raisons. Hors la France est encore bien loin du compte. Si elle est prête à caricaturer Mahomet au nom de la liberté d'expression elle est beaucoup moins à l'aise lorsque l'on siffle La Marseillaise dans les stades et que l'on ne respecte pas une minute de silence pour ses héros.

Que je sache brûler un drapeau n'a jamais fait de mal à personne à l'instar des dessins humoristiques que nous protégeons. Pourtant la république considère cela comme un outrage passible de lourde amende. Rien de tout ça aux Etats-Unis qui laisse le droit à tous ses citoyens de brûler leur drapeau.

On sent bien en ce moment le vent du boulet de peines de prison astronomiques pour toute incivilité. Notre république est arc-boutée sur ses valeurs et force le trait à coup d'incantation républicaine. De même que nous n'avons aucune raison de respecter la loi du coran lorsqu'elle ne nous concerne pas, il me semble qu'un jeune qui ne veut pas faire silence parce qu'il estime en tant que musulman qu'il réprouve l'attitude provocatrice de Charlie hebdo est en droit de le faire. Ce n'est pas à l'Etat de nous dire ce que l'on doit penser.

Voudriez-vous à votre enterrement des figurants que l'on force au silence en échange de leur citoyenneté française ? Non. Alors pourquoi obliger ces jeunes musulmans à se taire face à ce qu'ils considèrent à juste titre comme une provocation. Charlie Hebdo n'est pas un journal tendre, consensuel. Il provoque pour faire réagir et en ce sens il a atteint au centuple aujourd'hui sa raison d'être. Mais on ne peut en aucun cas si l'on se sent Charlie s'offusquer de voir notre drapeau national brûler au Niger, au Sénégal, au Pakistan. L'air que l'on jouait à l'enterrement de Charb n'est pas La Marseillaise , mais bien L'Internationale. Car ce que Charlie annonce en plus de la liberté d'expression est bel et bien l'implosion des nations qui n'ont pas su ou qui ne trouveront pas les moyens dans l'avenir de séduire leurs citoyens.

En brandissant la possibilité d'être déchu de ses droits de citoyen les politiques ouvrent la boite de Pandore qui conduira un jour tout être qui viendra au monde à choisir librement sa nationalité. Ce sont bien des français et non des envahisseurs qui ont tiré à bout portant sur d'autres français. Les hommes politiques qui prétendent que nous sommes en guerre contre le terrorisme feraient mieux de se rendre compte que les faits donnent aujourd'hui plutôt raison à une guerre civile. 

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