Plus de carottes moins de bœuf
Je ne sais pas si vous êtes comme nous, mais avec Bobby on mange moins de viande qu'avant. C'est à dire que l'on en mange toujours au restaurant ou dans les grandes occasions, sinon notre consommation à la maison est plutôt en chute libre. Avant il ne se passait pas une journée sans que l'on mange de la viande, dans le pire des cas une tranche de jambon. Aujourd'hui on est plus proche du 1 à 2 fois par semaine. Cette approche, plus pragmatique que le végétarisme, a même un nom depuis 2004 ça s'appelle le flexitarisme. Le flexitarisme n' a rien de dogmatique, on devient simplement de plus en plus végétarien pour des raisons assez simples qui n'engagent que nous.
La première raison est sans doute liée à des raisons de solidarité avec les animaux qui ont quand même une conscience, c'est à dire une certaine angoisse à l'idée de mourir. Elever des animaux dans le seul but de les abattre pour les manger me semble flirter avec un niveau de cynisme qui me dérange.
Toute posture morale demande un jour ou l'autre de se mettre à la place de l'autre et de se dire finalement que ce que nous sommes prêts à accepter pour un troupeau de vache, une batterie de poulets ou une porcherie, ne finira t-il pas par nous rattraper ? Le capitalisme de masse ne nous voit-il pas déjà comme du bétail ? Certains philosophes se sont déjà aventurés dans des néologismes du genre "cheptel humain". On élève bien nos enfants pour dire qu'on les éduquent. Quand on est 7 milliards de la même espèce sur la planète on est en droit de se demander si le bétail ce ne serait pas nous ?
La dignité de savoir que nous ne sommes pas juste nés pour consommer et que notre vie vaut pour ce qu'elle est, est une revendication légitime que l'on peut étendre à de nombreux animaux qui finissent dans notre assiette. A tout prendre je préfère manger un lièvre qui a eu une belle vie en liberté avant de se prendre du plomb dans la cervelle, plutôt que que de manger des lapins élevés dans un clapier et programmés dès leur naissance pour nous nourrir. La chasse me dérange finalement beaucoup moins que l'abattoir. Sans tomber dans le scabreux, on peut quand même noter que les nazis on prit la peine de visiter les abattoirs de Chicago pour améliorer leur méthode d'extermination des juifs.
La viande ne doit pas disparaitre de notre assiette du jour au lendemain mais devenir un produit de luxe. Pour cela il faut d'abord qu'elle cesse d'être un produit de grande consommation. On sait ainsi que si l'on consommait 5 fois moins de viande, les abattoirs industriels ne seraient plus rentables et l'on reviendrait à un élevage plus bio, plus humain. Manger du cochon qui aurait eu une belle vie rendra la nôtre plus belle aussi.
Quand je dis que manger moins de viande n'engage que nous c'est vrai et c'est faux , puisqu'en tant qu'humaniste tout ce que je fais engage toute l'humanité avec moi. Nous avons tous valeur d'exemple. Les chinois veulent manger plus de viande sans doute parce que les pays riches avant eux s'en sont donné à cœur joie. Un milliard de chinois qui se mettent à manger de la viande en quantité risque fort de faire fâcheusement tanguer la barque dans laquelle nous sommes tous assis.
La deuxième raison pour laquelle on peut donc manger moins de viande est une raison qui se résume par une mesure que l'on appelle l'eau virtuelle. Si la France regorge d'eau ce n'est pas le cas de tous les pays dans le monde et augmenter la demande d'eau virtuelle peut conduire le monde dans des tensions supérieurs à ce qui existe aujourd'hui pour la répartition des ressources énergétiques. Pour vous donner un ordre d'idée voici ci-dessous le besoin en eau de différents aliments :
Par exemple, il faut :
- 13.500 litres d’eau pour 1 kg de viande de bœuf ;
- 5.000 litres d’eau pour 1 kg de riz inondé ;
- 900 litres d’eau pour 1 kg de soja ;
- 590 litres d’eau pour 1 kg de pomme de terre
- 590 litres d’eau pour 1 kg de blé ;
- 524 litres d’eau pour 1 kg d’orge ;
Il faut tordre le cou non plus au bœuf mais au steak frites et hamburger qui font parti aujourd'hui plus de notre mythologie sociale que de notre éthique et diététique de vie.
Commentaires