Exciting renovation

Tous ceux qui voyagent un peu la connaissent bien. Vous savez cette petite appréhension que vous avez quand vous arrivez dans un nouvel hôtel que vous avez méticuleusement choisi pour vous concocter un séjour de rêve.
On lit les avis, on recoupe les infos, on navigue des heures sur booking.com, pendant les heures de boulot si c'est possible. On regarde les photos une par une, on imagine le meilleur ou le pire dans les angles morts. On hésite entre la "superior exécutive room" et la "junior suite", avec vue, sans vue, avec balcon, avec ou sans petit déj... On annule pour tout changer et finalement on "rebook" quelques jours avant le départ en passant à coté de la  mention imprimée en bas du voucher "Attention cet hôtel est en travaux pour rénovation".
J'arrive donc avec Bobby et mes chers parents après 35 minutes de taxi depuis l'aéroport de Stockholm et tout d'un coup le taxi s'arrête sur ce qui doit être l'entrée de notre hôtel de nos rêves qui n'est qu'un empilage d'Algecos qui condamnent le trottoir. Nous voila pataugeant dans une mélasse grise qui résulte du désamour de la ville et de la neige avec nos valises à roulettes pénétrant par la sortie de secours de l'hôtel en guise d'entrée principale. Pas de groom mais deux suédois ni grands, ni blonds entrain de bricoler l'installation électrique de l'hôtel en  bleu/fluo de travail.

C'est là qu'à la réception on ne manque pas de me rappeler que l'hôtel, je cite "is currently undergoing an exciting makeover in collaboration with Wingärdhs architect ". Ayant moi même passée mon temps en Inde à faire des améliorations dans l'hôtel Seven je compatis bêtement au lieu de m'offusquer.

Le timing de l'avion avait été choisi pour pouvoir déjeuner à l'hôtel à notre arrivée avant de prendre possession de nos chambres à l'heure du check-in. C'est sans compter sur "l'exciting renovation" qui était elle aussi en cours sur le restaurant.  Il n'y a qu'une chambre de prête à notre arrivée, la nôtre. On dépose les valises dans la chambre avant de repartir à la recherche d'un restaurant dans les alentours.

Le problème des rénovations, c'est que lorsque que vous savez que vous que vous allez tout changer, vous ne faites plus d'effort pour maintenir l'existant à niveau. C'est bien le problème avec notre chambre qui par manque d'attention a glissé du suranné vers le négligé, du classique vers le ringard, du patiné vers le pas net et transformé le vintage en vingt taches.

On nous donne notre deuxième chambre à notre retour du restaurant, une très belle suite si on ne s'attarde pas trop sur le plafond qui s'écaille faute de soin. Bon ok, va pour la Suite, on n'a pas choisi le supplément vue sur le port pour regarder le plafond, mais pour notre chambre il faut faire quelque chose.
Difficile d'attendrir les deux suédois pur jus qui semblent indifférents à mes considérations esthétiques tant que j'ai de du wifi dans la chambre, mais je vois tout de suite dans le regard pétillant de Huguette une petite rwandaise qui semble plus dégourdie que les autres une chance d'être comprise. Je lui explique que je n'aime pas trop ma chambre. Problème éminemment subjectif que la plupart des réceptionnistes d'hôtels feignent de ne pas comprendre. Mais avec Huguette c'est différent, elle nous emmène visiter illico presto les nouvelles chambres dans la nouvelle aile. Elle nous tire tout de suite sa meilleure cartouche, une chambre d'angle toute neuve avec 3 fenêtres à la vue imprenable. Tout va mieux, on lui pardonne le reste et on s'installe, soulagés dans notre nouveau nid.