Tous en scène
Il y a les films que l'on va voir à leur sortie et puis ceux que l'on visionne à retardement pendant les fêtes de Noël de l'année suivante. C'est le cas de Tous en scène que j'ai découvert à cette occasion.
Le film produit par le même studio qui réalise la saga Moi, moche et méchant, nous propose une fois de plus un film de grande qualité.
Mais ce qui me frappe le plus c'est la profondeur donnée à la fois aux personnages et aux lieux. Là où l'on pourrait simplement s'attendre à rire de voir une souris ou un éléphant devoir se présenter à un concours de chant, le film nous invite immédiatement à voir plus loin et à sympathiser avec les concurrents qui ont tous une existence au-delà d'une épreuve qui singe la télé d'aujourd'hui. On s'attache rapidement et presque avec surprise à des personnages totalement fictifs parce que leur vie nous ressemble. A tel point que l'enjeu du concours qui devrait être le dénouement idéal du scénario devient secondaire par rapport à l'enjeu personnel que chaque concurrent met dans l'occasion de chanter devant un public qu'il veut sien. Le plus important n'est plus de gagner mais de pouvoir continuer à chanter pour les autres . "Show must go on" pourrait nous dire Buster Moon, un adorable koala directeur de théâtre doublé en français par Patrick Bruel. Dans ce film il n'y a pas de méchants, on manque juste d'argent pour pour que tout se passe mieux.
Le plus surprenant dans le film c'est que la profondeur des personnages est doublée d'une profondeur des lieux. Le film ne nous propose pas des plans coupés qui nous transportent d'un lieu à un autre en un instant. Comme si contrairement au film en décor réel les décors virtuels devaient acquérir une crédibilité dans notre esprit. On va donc de quartier en quartier en voiture pour découvrir là où habite nos différents protagonistes. On se déplace dans un monde qui n'existe pas justement pour le faire exister. Le film construit donc patiemment et efficacement à l'aide de" faux accélérés" une vraie dimension à cette ville californienne imaginaire.
Même la reconstruction du théâtre s'obtient non pas par un saut dans le temps du genre "... 6 mois plus tard" mais par le biais d'un faux accéléré, qui semble faire la place au temps qui prend du temps dans lequel nous vivons et dans lequel les personnages de Tous en scène semblent eux aussi contraints comme nous. On peut donc être pris dans les embouteillages et rater un rendez-vous important dans ce film comme dans la vraie vie. La combinaison subtile de la profondeur psychologique des personnages, la consistance géographique des décors et le respect d'un temps qui dure, donne à ce film une existence singulière.
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