La dernière vie de simon


La dernière vie de Simon est un film de genre. Et à ce titre il surprend dans le microcosme du cinéma français qui laisse cette forme de cinéma au cinéma américain. On peut donc saluer le courage du réalisateur de cette histoire fantastique de s'être obstiné dans son idée à l'encontre des clivages de la production hexagonale. J'avoue ne pas être très sensible à la segmentation dans laquelle l'industrie du cinéma international voudrait nous faire rentrer. Un bon film c'est avant tout un bon scénario avec de bons acteurs ce qui est le cas de La dernière vie de Simon. La dimension fantastique de ce film n'est due qu'au pouvoir de Simon de prendre l'apparence des gens qu'il a déjà touché, pour le reste nous sommes dans le quotidien d'une famille bretonne on ne peut plus ordinaire. 

On est donc loin du personnage de Mystique qui elle aussi peut se transformer au grès des aventures des XMen. C'est tant mieux, par son économie de moyen le film n'en est que plus réussi. La dernière vie de Simon est un film de jeune (le réalisateur a trente ans ) et développe un scénario décomplexé qui s'inscrit dans la ligné de la série Stranger things déjà culte sur Netflix. On retrouve cette ambiance de film fantastique des années 80 pour tout public à la manière d'un ET de Steven Spielberg. On ressort de ce film conquis, les personnages sont attachants aussi bien dans leur jeunesse que dans leur adolescence.

Contrairement aux films de super héros, le pouvoir de Simon n'est pas une fin en soi mais un moyen pour lui de vivre. Il ne va pas se servir de ses prédispositions extraordinaires à se transformer pour sauver un tant soit peu l'humanité, mais pour se sauver lui-même. La quête de Simon orphelin n'est pas héroïque mais une simple recherche d'amour. Amour des parents de Thomas qu'il va tromper pour s'attirer leur tendresse pendant 10 ans et aussi l'amour de la sœur de Thomas auquel il ne pourra se soustraire à la fin de son adolescence et qui va le mettre face à ses propres contradictions. 
Le ressort fantastique du film issu des pouvoirs de transformation de Simon ne sont là que pour nous montrer que l'âme humaine ne trouvera pas dans l'extraordinaire les solutions qui nous éviteraient de rester enfermé dans notre ordinaire. 

Cette fable d'une grande simplicité tournée sans prétention sur les cotes bretonnes nous fait nous questionner sur la vacuité des promesses du trans-humanisme et ses possibilités de changer de corps à l'infini. Ne vaut-il pas mieux réussir une vie plutôt que d'en rater plusieurs. Notre âme n'est-elle pas indissociable de la représentation de notre propre corps. C'est sans doute là le sens, surprenant au premier abord, du titre de ce film.


Le réalisateur : Léo Karmman


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