Klein et les impressionnistes à l'Atelier des lumières
J'ai été séduit par les dernières expositions de l'Atelier des lumières qui ont mis en scène les œuvres de Klimt puis de Van Gogh. C'est avec une certaine excitation, que nous sommes retournés voir la mise en lumière des impressionnistes sous l'angle du voyage en Méditerranée. Force est de constater qu'une exposition numérique ne doit pas tout aux œuvres sous jacentes.Nous avions précédemment le sentiment de plonger dans les œuvres et finalement dans l'univers des artistes, Cette édition ne parvient pas à nous submerger comme ce fut le cas de l'expo Klimt ou Van Gogh. On peut se demander pourquoi ?
Le masque n'y est pour rien puisque ce que nous goutons ne touche que les yeux et les oreilles. Il y a en fait plusieurs problèmes dans ce dernier né de l'Atelier des lumières. D'une part la prétention des réalisateurs qui s'imaginent "curateurs" n'est pas à la hauteur de la réalisation. En réunissant une palanquée d'artistes impressionnistes dans la même réalisation, on ressort avec une idée de grand fourre tout. On retrouve l'ennui de ces musées qui se veulent exhaustifs en nous faisant survoler des œuvres qui n'ont finalement pas le temps de nous parler. Ajoutez à cela ce thème de la Méditerranée qui n'intéressent que les producteurs qui à la manière des collectionneurs se targuent de réunir différents peintres sur le même thème. La collection est un TOC comme un autre, il n'abruti que celui qui s'y prête et ennuie les autres.
On est donc vraiment parti du mauvais pied. Là où on attendait un seul artiste sublimé, décomposé, recomposé, dynamisé, réenchanté par les moyens video d'aujourd'hui on se retrouve dans un univers confus où chaque artiste perd son âme à force de se frotter ses pixels avec les autres.
Le pire dans tout cela c'est la bande son. Si on peut parfois se poser la question de savoir si les artistes se retourneraient dans leur tombe de voir leur œuvres exploitées en projection vidéo immersive, on imagine encore plus leur désarroi le jour où ils réalisent que leurs œuvres baignent dans un environnement sonore dont ils ne sont pour rien. Imaginer un seul instant un réalisateur qui ne porterait aucun intérêt à la bande son de son film. C'est totalement impossible. Pour une simple raison, c'est que dans le match son contre image c'est toujours le son qui gagne. L'image nous montre pendant que le son nous touche, l'émotion est toujours plus grande du coté du son que du coté de l'image, on ne pleure pas dans un film sans bande son.
On peut admirer les vitraux de Chagall à Jérusalem, mais l'émotion elle passera par les tuyaux d'orgues, seul véritable moteur qui fait arriver à faire vibrer ces nefs de pierres et de verres.
On pense venir à l'Atelier des lumières pour en prendre plein les yeux, mais c'est finalement nos oreilles qui sont capables de nous émouvoir et elles ressortent déçues.
On ne se rend jamais aussi bien compte qu'une bande son est ratée que quand on la remarque. Un peu à mon avis, comme ces vieux films en noir et blanc où le jeu des acteurs indémodable lutte contre une bande son horriblement anachronique.
Donc pour couronner ce pêle-mêle impressionniste sans goût ni saveur, on ingère à contre cœur les choix musicaux des réalisateurs en mal d'inspiration. C'est d'un scolaire à mourir d'ennui, un coup d'accordéon sur les Renoir, du Debussy, du Ravel du Gershwin, tous les auteurs de l'époque défilent sans parler des morceaux de jazz qui tombent comme des cheveux sur la soupe dans le monde des gens simples peints par l'impressionnisme.
Il n'y a rien de glamour dans l'impressionnisme seules les couleurs de l'artiste se permettent des excès que ceux qui y sont dépeints ne connaitrons pas. Summertime tombe à plat et malgré son titre ne nous évoque rien de méditerranéen. Redécouvrir la danse de Matisse sur un air de musique contemporaine est parfaitement insupportable. C'est transformer l'or en plomb, daté l'intemporel, réduire l'universel.
Cette mise en lumière ressemble, la couleur en plus, aux documentaires sur Picasso que l'on nous projetait en cours de dessin en classe de 4ème. Bref on attend qu'une chose, l'heure de la récré pour pouvoir sortir.
Pourtant les artistes nous laissent des indices sur l'univers sonore de leur œuvre, on ne peut pas passer à coté du violon dans l'œuvre de Chagall ou de la flûte de pan dans la danse de Matisse ou les doubles croches de Raoul Dufy (qui n'ont par ailleurs pas grand chose à voir avec le thème méditerranéen). Mais non rien n'y fait. A œuvre du 20ème, siècle musique du 20ème siècle et les vaches seront bien gardées. Et bien non. En respectant la chronologie du son et des images on tombe plus bas que le musée dans le documentaire sur écran géant, ça sent la naphtaline dans un lieu qui se voulait pourtant dépoussiérant.
Il restait quand même pour le rattrapage un son et lumière Klein en deuxième partie. Une autre équipe à la réalisation tant mieux et le choix judicieux de ne choisir qu'un seul artiste.
Malheureusement cela ne marche pas mieux mais pour d'autres raisons.
Si la bande son est à la hauteur cette fois ci, le bleu vidéo ne sera jamais le bleu Klein, L'aspect poudreux et mat du bleu Klein ne peut pas se transmettre sur un écran qui brille. L'œuvre de Klein est à la fois une œuvre conceptuelle et une œuvre qui attrape la lumière au lieu de la donner.
Imaginer que le bleu Klein puisse illuminer une salle est à contre courant de ce que l'œuvre original convoie, A savoir que la force du bleu est celle d'un trou noir ou plutôt d'un trou d'antimatière bleu dans lequel le temps, l'espace et la lumière se trouvent absorbés à jamais. Le fond monochrome bleu (puis plus récemment vert) est anti humain il parle du vide, la vidéo l'exploite lors des effets spéciaux justement parce qu'il devient invisible en post production.
Quant à la dimension conceptuelle des œuvres de Klein à l'instar de ses femmes nues qui se font trainer dans la peinture avant de se transformer en tampon vivant, l'Atelier des lumières effleure le sujet mais la vocation tout public du lieu va forcément à l'encontre de l'approche iconoclaste de l'artiste. On se rend compte finalement que Klein ce n'est pas que du bleu et que le message porté par son œuvre ne parvient pas à se révéler à l'aide de moyens vidéo pharaoniques. Une trace aussi grande et brillante soit elle ne nous donne pas toujours l'idée du chemin à parcourir. Là où la lumière magnifie l'œuvre solaire de Van Gogh et les mordorés de Klimt, elle dénature celle de Klein qui se nourrit du vide.
Le masque n'y est pour rien puisque ce que nous goutons ne touche que les yeux et les oreilles. Il y a en fait plusieurs problèmes dans ce dernier né de l'Atelier des lumières. D'une part la prétention des réalisateurs qui s'imaginent "curateurs" n'est pas à la hauteur de la réalisation. En réunissant une palanquée d'artistes impressionnistes dans la même réalisation, on ressort avec une idée de grand fourre tout. On retrouve l'ennui de ces musées qui se veulent exhaustifs en nous faisant survoler des œuvres qui n'ont finalement pas le temps de nous parler. Ajoutez à cela ce thème de la Méditerranée qui n'intéressent que les producteurs qui à la manière des collectionneurs se targuent de réunir différents peintres sur le même thème. La collection est un TOC comme un autre, il n'abruti que celui qui s'y prête et ennuie les autres.
On est donc vraiment parti du mauvais pied. Là où on attendait un seul artiste sublimé, décomposé, recomposé, dynamisé, réenchanté par les moyens video d'aujourd'hui on se retrouve dans un univers confus où chaque artiste perd son âme à force de se frotter ses pixels avec les autres.
Le pire dans tout cela c'est la bande son. Si on peut parfois se poser la question de savoir si les artistes se retourneraient dans leur tombe de voir leur œuvres exploitées en projection vidéo immersive, on imagine encore plus leur désarroi le jour où ils réalisent que leurs œuvres baignent dans un environnement sonore dont ils ne sont pour rien. Imaginer un seul instant un réalisateur qui ne porterait aucun intérêt à la bande son de son film. C'est totalement impossible. Pour une simple raison, c'est que dans le match son contre image c'est toujours le son qui gagne. L'image nous montre pendant que le son nous touche, l'émotion est toujours plus grande du coté du son que du coté de l'image, on ne pleure pas dans un film sans bande son.
On peut admirer les vitraux de Chagall à Jérusalem, mais l'émotion elle passera par les tuyaux d'orgues, seul véritable moteur qui fait arriver à faire vibrer ces nefs de pierres et de verres.
On pense venir à l'Atelier des lumières pour en prendre plein les yeux, mais c'est finalement nos oreilles qui sont capables de nous émouvoir et elles ressortent déçues.
On ne se rend jamais aussi bien compte qu'une bande son est ratée que quand on la remarque. Un peu à mon avis, comme ces vieux films en noir et blanc où le jeu des acteurs indémodable lutte contre une bande son horriblement anachronique.
Donc pour couronner ce pêle-mêle impressionniste sans goût ni saveur, on ingère à contre cœur les choix musicaux des réalisateurs en mal d'inspiration. C'est d'un scolaire à mourir d'ennui, un coup d'accordéon sur les Renoir, du Debussy, du Ravel du Gershwin, tous les auteurs de l'époque défilent sans parler des morceaux de jazz qui tombent comme des cheveux sur la soupe dans le monde des gens simples peints par l'impressionnisme.
Il n'y a rien de glamour dans l'impressionnisme seules les couleurs de l'artiste se permettent des excès que ceux qui y sont dépeints ne connaitrons pas. Summertime tombe à plat et malgré son titre ne nous évoque rien de méditerranéen. Redécouvrir la danse de Matisse sur un air de musique contemporaine est parfaitement insupportable. C'est transformer l'or en plomb, daté l'intemporel, réduire l'universel.
Cette mise en lumière ressemble, la couleur en plus, aux documentaires sur Picasso que l'on nous projetait en cours de dessin en classe de 4ème. Bref on attend qu'une chose, l'heure de la récré pour pouvoir sortir.
Pourtant les artistes nous laissent des indices sur l'univers sonore de leur œuvre, on ne peut pas passer à coté du violon dans l'œuvre de Chagall ou de la flûte de pan dans la danse de Matisse ou les doubles croches de Raoul Dufy (qui n'ont par ailleurs pas grand chose à voir avec le thème méditerranéen). Mais non rien n'y fait. A œuvre du 20ème, siècle musique du 20ème siècle et les vaches seront bien gardées. Et bien non. En respectant la chronologie du son et des images on tombe plus bas que le musée dans le documentaire sur écran géant, ça sent la naphtaline dans un lieu qui se voulait pourtant dépoussiérant.
Il restait quand même pour le rattrapage un son et lumière Klein en deuxième partie. Une autre équipe à la réalisation tant mieux et le choix judicieux de ne choisir qu'un seul artiste.
Malheureusement cela ne marche pas mieux mais pour d'autres raisons.
Si la bande son est à la hauteur cette fois ci, le bleu vidéo ne sera jamais le bleu Klein, L'aspect poudreux et mat du bleu Klein ne peut pas se transmettre sur un écran qui brille. L'œuvre de Klein est à la fois une œuvre conceptuelle et une œuvre qui attrape la lumière au lieu de la donner.
Imaginer que le bleu Klein puisse illuminer une salle est à contre courant de ce que l'œuvre original convoie, A savoir que la force du bleu est celle d'un trou noir ou plutôt d'un trou d'antimatière bleu dans lequel le temps, l'espace et la lumière se trouvent absorbés à jamais. Le fond monochrome bleu (puis plus récemment vert) est anti humain il parle du vide, la vidéo l'exploite lors des effets spéciaux justement parce qu'il devient invisible en post production.
Quant à la dimension conceptuelle des œuvres de Klein à l'instar de ses femmes nues qui se font trainer dans la peinture avant de se transformer en tampon vivant, l'Atelier des lumières effleure le sujet mais la vocation tout public du lieu va forcément à l'encontre de l'approche iconoclaste de l'artiste. On se rend compte finalement que Klein ce n'est pas que du bleu et que le message porté par son œuvre ne parvient pas à se révéler à l'aide de moyens vidéo pharaoniques. Une trace aussi grande et brillante soit elle ne nous donne pas toujours l'idée du chemin à parcourir. Là où la lumière magnifie l'œuvre solaire de Van Gogh et les mordorés de Klimt, elle dénature celle de Klein qui se nourrit du vide.
Commentaires