Le Deuxième acte

On a à peine le temps de temps d'aller voir Daaaaaali ! de Quentin Dupieux que celui-ci nous sort déjà  un nouveau film pour le Festival de Cannes : Le deuxième acte.  Ces 2 films assez différents dans leur forme nous conduisent toujours vers le même fond : le surréalisme. Le problème de ce terme c'est qu'il est un peu galvaudé et que l'on a vite fait de traiter de surréaliste tous ce qui nous parait soit loufoque soit impossible. Ce serait mal comprendre ce terme et par extension les efforts que déploie Quentin Dupieux pour nous faire entrevoir pas ses mises en abime l'intangibilité de notre réalité.

Nous sommes tous coincé comme Florence (personnage du film) dans notre réalité qui nous enferme comme toute idéologie dans ce postulat tautologique " la réalité c'est la réalité " un peu comme "un sou est un sou " ou "un bon boudin c 'est bon". Bref notre perception de la réalité nous fait tourner en rond. 

Pour nous sortir de là, Quentin Dupieux nous aide en secouant nos idées reçues en filmant une réalité qui n'est pas celle que l'on perçoit mais qui ne la contredit pas. La surréalité n'est donc pas une extravagance mais une réalité plus large et qui englobe en particulier le monde des rêves et des phantasmes qui sont, eux aussi, bien réels puisque nous leur consacrons une bonne partie de notre vie. Le cinéma n'est-il pas le moyen qui va nous permettre de conceptualiser la surréalité en la mettant à la portée de tous ? Beaucoup de réalisateur s'y sont essayés, Quentin y excelle.

Il n 'y a pas de surréalisme sans surhomme, les ponts entre l'art de Quentin Dupieux et la pensée de Nietzsche sont évidents et avec la vie de Dali aussi. La réalité n'est plus une fin mais un moyen qui contribue a une surréalité du monde que l'on entrevoit sans vraiment la comprendre. 

En plus d'être réalisateur Quentin Dupieux est aussi sous le pseudo d'Oizo un musicien ( encore un point commun avec Nietzsche) or la musique nous aide à comprendre la surréalité du monde.

Reprenons la thèse du film énoncé à la fin par David. La fiction du film est réelle et nous sommes nous la fiction. Nous serions nous mêmes des acteurs entrain de regarder des acteurs au cinéma. De même la réalité de l'acteur ne se déploie t-elle pas au moment où l'on dit "Moteur", plutôt que seul dans sa loge entrain de scroller des SMS ?.  Le spectateur n'est il pas acteur du film lui aussi puisque l'on joue et l'on se censure pour lui plaire. Le politiquement correct, les enjeux financiers font que le spectateur est acteur malgré lui de ce qui se joue devant lui, car il n'y pas de cinéma sans séduction. Or cette séduction intangible est bien réelle au travers de l'exercice cinématographique. 

La surréalité s'invite donc dans notre réalité lorsque nous sommes prêts à payer pour du rêve. Prenons l'exemple de la musique pour montrer le flou artistique entre réalité et fiction. Si d'un coté un gangster pointe son arme vers vous dans un film il a peu de chance de vous tuer. Mais si vous regardez Mozart composer son requiem dans Amadeus c'est bien sa musique que vous êtes entrain d'écouter et non  l'illusion de celle-ci . La musique que nous écoutons tous les jours et celle que nous écoutons au cinéma sont aussi réelles l'une que l'autre. La musique est une passerelle entre réalité et fiction. Voilà pourquoi le cinéma en use et en abuse. D'ailleurs Quentin Dupieux s'amuse avec les codes du cinéma en nous mettant de la musique de fond dans le film du film mais pas dans le film.  Avec finesse et drôlerie Quentin Dupieux nous montre que la vie des acteurs n'est pas moins intéressante avec ces drames, ses postures et ses trahisons que leur rôle. Seul bémol à ce remarquable moment de cinéma le comique de répétition du serveur qui dure plus que de raison. Sinon Bravo pour Le Deuxième acte encore mieux que son très bon Daaaaaali !



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