Caillebotte

On peut se poser des questions sur Gustave Caillebotte en particulier sur son orientation sexuelle sur laquelle on peut spéculer mais dont on ne sait rien. Mais doit-on  vraiment chercher ce qu'un peintre ne nous dit pas alors qu'il a le courage de nous  montrer ce qu'il voit ? 

L'exposition Caillebotte, peindre les hommes au Musée d'Orsay regroupe une vaste sélection de ses œuvres. C'est une chance. Un tableau peut nous révéler le talent d'un artiste mais l'engagement artistique n'a de valeur que par sa trajectoire. En plus de nous émouvoir, l'artiste a la vocation de mouvoir aussi la société qui le cautionne. C'est ce que Caillebotte fait. Ce qui jaillit de cette exposition c'est l'extrême liberté de penser de l'artiste face à son temps.

On pourrait s'attarder sur la description de cet homme nu, qui inverse les rôles masculin féminin en miroir à l'œuvre de Degas. Qui le montre de dos comme surpris nu à son insu ou qui détaille une plastique non idéalisée du corps masculin. Et enfin y voir ici des signes évidents de son attraction pour la gente masculine. Mais cette analyse serait trop réductrice. Le corps des hommes que peint Gustave Caillebotte ne sont ni érotisés, ni magnifiés. Caillebotte voit les hommes tels qu'ils sont avec son regard d'homme sans apriori sexuel. Caillebotte est un homme fondamentalement libre sans tracas matériel qui mène sa vie comme il l'entend en se démarquant du prêt-à-penser de l'époque. On peut être heureux sans se marier sans avoir d'enfant, en vivant avec son frère, en faisant du sport et en contemplant le monde depuis son chevalet. Trouver la joie avant de se faire embarquer dans les archétypes du bonheur semble être la mission de caillebotte.

Il peint donc d'abord ses tableaux pour lui avant de les peindre pour nous. Caillebotte peint l'homme qu'il aime, concentré dans son travail comme Les raboteurs de parquet, mais aussi appliqué dans l'activité sportive sans qu'il soit pour autant question de compétition. L'homme de Caillebotte ne cherche plus la reconnaissance des prix et des honneurs, il est apaisé. Car finalement ces hommes qui vivent à la fin du 19ème siècle à Paris ont tout gagner et dominent le monde. Il est donc temps qu'ils apprennent à perdre. C'est donc bien une déconstruction d'un mythe auquel s'attelle Gustave Caillebotte pour remettre l'homme à sa place le dédouanant de l'obligation de réussir pour qu'il puisse trouver sa place, sa joie et envisager une autre forme de bonheur avec ses semblables. 

Avec la peinture de Caillebotte on s'élève au propre comme au figuré. Car ce qui transparait très clairement dans son œuvre c'est une vue de Paris vue d'en haut. Caillebotte a apporté à la peinture du 19ème ce que l'ascenseur a apporté à l'architecture hausmanienne, la noblesse de voir les choses de plus haut. Caillebotte voit loin, il voit même tout le 20ème siècle. La pratique du sport, la standardisation de la ville et son anonymat croissant, le plaisir des résidences secondaires et cette nouvelle attitude "cool" que l'homme moderne va adopter avec une nouvelle forme de virilité nonchalante les mains dans les poches regardant son avenir certes de plus haut mais avec toujours la mêmes question. Qu'est ce qui rend un homme heureux ? Pas forcément le sandwich à fondue savoyarde.









Sandwich à la fondue savoyarde mangé en traversant le jardin des Tuileries.
Clin d'œil à Julien et Agathe sur La Rochelle
 

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