Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau
Si notre monde existe, il y de forte chance qu'il en existe d'autres. Croire en nous c'est donc déjà croire en quelque chose qui nous dépasse. Pas évident de s'imaginer des mondes différents et comment ceux-ci pourraient s'imbriquer avec le notre. Comment nos rêves et notre réalité par exemple dialoguent ou cohabitent dans un monde plus vaste "sur réel " qui nous est étranger. Au même titre que nos rêves l'animation numérique et la réalité virtuel s'invitent de manière troublante aujourd'hui dans notre monde.
Parfois je rêve d'un monde plus grand que le notre mais quand je me réveille je n'arrive pas en expliquer la logique parce que je pense comme un animal. Certes le plus intelligent d'entre eux, mais pas tant que ça. En d'autre termes si vous étiez une souris et que l'on vous donnait l'occasion de rêver d'être un homme, vous auriez un mal fou à vous faire comprendre auprès des autres souris à votre réveil.
Redevenant souris, vous allez comme dans le film perdre les mots et ensuite vous allez perdre la logique de ce monde parce que votre cerveau se réduit bêtement aux concepts qui vous servent à vivre. C'est ce qui nous arrive parfois quand nous perdons la logique de nos rêves quand nous nous réveillons.
Comment une souris peut-elle expliquer à une autre souris la logique du monde des hommes ? Ou comment un homme peut-il décrire un monde surhumain ? C'est très difficile mais il existe néanmoins un moyen . La métaphore. C'est ce que je viens de faire en nous comparant à des souris pour vous donner ma perspective. Ou plus précisément pour donner une nouvelle perspective à nos mots. C'est l'objectif de Flow en nous comparant à un chat ou à un lémurien, à vous de choisir.
On ne parle pas dans Flow du début à la fin. Mais ce sont bien les mots dans cette histoire de chat mouillé qui brillent par leur absence. Le film est apocalyptique mais dans le bon sens du terme c'est à dire à vivre comme une renaissance, un déluge de jouvence. On repart de zéro avec nos héros. C'est à dire du zéro conscience. Car cette histoire nous parle du début à la fin de reflet et de miroir. C'est à dire de cette capacité que l'on a de se reconnaitre dans un miroir.
Un enfant se reconnait dans une glace à partir de 18 mois très peu d'animaux y arrivent à part, la pie, le bonobo, le dauphin, les raies et les faux orques. Le film nous rappelle donc que nous sommes nous-mêmes des animaux qui peinons à passer dans un niveau de conscience supérieur. Certains parlent de l'ère du Verseau. Là encore dans le film, l'eau joue un rôle métaphorique, nous sommes comme Flow effrayés par ce qui nous attend, Nous sommes comme ce chat qui a peur de l'eau sans véritable raison, puisqu'il parvient finalement très vite à nager en regardant un capybara pas plus poisson que lui réussir.
Ce film se veut allégorique, c'est pour cela que je vous en parle ainsi. Pour preuve, le cauchemar puis le rêve étrange du chat et l'apparition d'une baleine à crête un peu surréaliste et surtout providentielle. L'eau est acteur à part entière de ce film. D'ailleurs plus réaliste dans son rendu que les animaux (car plus lisse) L'eau représente un monde nouveau et la terre le monde ancien qui émerge encore par endroit. Tout s'inverse. On quitte la planète terre pour vivre sur la planète mer(*).
Nous sommes une civilisation matérialiste, toutes les civilisations ne le sont pas. Nous sommes aussi désemparés que les lémuriens du film qui collectionnent les bocaux vides face un nouveau monde qui lui est fait de plein. La rareté disparait, avec elle le troc, le commerce, l'argent, le monde des lémuriens s'effondre, celui des chiens qui n'ont aucune conscience de l'autre aussi.
Flow le chat porte avec succès, sans s'y restreindre, le message que j'ai tenté d'exprimé dans "l'effet de sphère" . La plus grande des mers est l'océan intemporel de la conscience collective, il va falloir comme Flow vite apprendre à nager même si on préfère rester au sec agrippé à nos certitudes. De la même manière que nous avons pris conscience de l'autre en nous extirpant de la cruauté du monde animal, ce que ce film montre admirablement, nous allons je l'espère nous reconnaitre collectivement et prendre conscience que nous formons un monde nouveau et que donc qu'il en existe d'autres.
Aller sans hésiter voir film, avec ou sans enfants, chacun y trouvera sa propre part de poésie.
(*) Nom qui aurait du être le sien depuis le début, si l'homme n'avait pas été aussi égocentrique. La planète est quand même recouverte à 70% de mer.
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