Good bye Famas

Tous ceux qui ont fait un tant soit peu leur service militaire ou qui ont au moins supporté les Verts dans leur grande époque connaissent le FAMAS ou au moins la société qui le produisait Manufrance.

Mais voilà, tout a une fin et notre bon vieux fusil mitrailleur manufacturé à Saint-Etienne date des années 70 et commence à avoir davantage sa place dans les nombreux musées à la gloire de nos guerres que sur le théâtre des opérations militaires contemporaines.

Surfant sur le "Acheter français", quelques députés essayent d'émouvoir l'opinion française par le fait qu'il est inconcevable de fournir nos armées avec un fusil acheté hors de France. On a pu entendre se matin sur France Inter, un député avec un léger trémolo dans la voix, nous prévenir que le pays a toujours conduit ses assauts avec des armes française depuis que la France est France.
La logique acheter français nous conduit donc à tuer français par la même occasion. Pourtant la mondialisation des échanges a fait beaucoup plus pour la paix que la constitution d'une puissante armée nationale. L'Europe et ses directives d'appel d'offre, nous empêche aujourd'hui d'envisager une entreprise franco-française qui nous fournirait au plus haut prix une arme "Made in France".
Notre armée doit-elle aussi jouer au grand jeu de la compétitivité qu'elle avait toujours su éviter jusqu'à présent en nous agitant l'épouvantail des "intérêts vitaux, stratégiques, nationaux" avec lesquels on ne plaisante pas. Que nos sous-marins nucléaires soient stratégiques pourquoi pas. Mais un fusil mitrailleur, il y a belle lurette que n'importe quel imbécile peut s'en procurer un pour se défouler sur une classe d'étudiants américains ou une bande de dessinateurs mal polis. Acheter un fusil à l'étranger pour défendre des intérêts nationaux sème le trouble. Aujourd'hui c'est le Famas qui passe à la trappe au profit d'un fusil plus moderne et moins cher, demain ça sera le Rafale. Cette idée fait peur non pas tant par le fait que nous perdions notre contrôle sur notre armement, mais que nous perdions notre avancée technologique.

Il faut donc tordre le cou une bonne fois pour toute à cette idée que l'industrie de l'armement nous fait progresser plus vite technologiquement que les autres. Alors qu'Airbus prospère, Dassault périclite. On peut faire de belle chose ensemble plutôt que tout seul. La recherche militaire est forcément secrète voire top secrète. L'époque du savant fou dans son laboratoire est révolu. Pourquoi chercher tout seul, quand on peut trouver ensemble. La plus belle avancée de notre temps est sans doute l'avénement d'internet. Une technologie complètement ouverte et gratuite qui permettait au chercheur du Cern d'échanger leur information avec le reste du monde. Aucune chance qu'une telle technologie puisse sortir d'un laboratoire militaire. L'avantage stratégique est antinomique de l'avantage collaboratif. On peut certes faire la guerre tout seul mais la paix se fait toujours à deux.