Planète Venise

Venise est planté sur des pilotis, comme la terre est suspendue dans l'espace. Tout le monde le sait mais personne n'y pense. Venise est une idée, elle gagne donc le pouvoir de changer la réalité qui n'en à pas. Avec Venise ce n'est plus la ville qui s'arroge le droit de surplomber la mer. Mais le pouvoir de sa propre utopie, c'est elle  qui semble avoir creusé des canaux pour permettre à l'eau de la lagune de de faufiler dans son monde.

Si la ville transpire son passé glorieux elle n'en reste pas moins aussi une ville du future. Venise s'est construite sur l'eau pour fuir les côtes barbares d'un monde impérialiste qui ne cesse de conquérir pour survivre ce qui le conduit régulièrement à sa perte. On oppose souvent barbarie et civilisation, on a tord, il y des barbares en costards cravate et des hommes des cavernes qui ont sans doute fait preuve de beaucoup de délicatesse. Venise est un monde sans terre donc sans territorialité, qui voulait le commerce et donc la paix.

Un monde sans terre est un monde sans frontières, sans sol et sans race, un monde du futur qui a surgi dans l'histoire de l'humanité et que l'on a peine à s'imaginer, tant notre esprit a été formaté par les guerres et les conquêtes qui forment notre histoire.

Le passé est une histoire que l'on se raconte, notre conscience est l'histoire que l'on se raconte, tant que les livres d'histoire se complairont dans des litanies de dates de guerres notre conscience ne se défera jamais de ce besoin de sol et de sang qui nous anime et à qui on attache des droits sans importance.

Venise n'est donc pas le fruit de notre histoire, mais un choix, le choix d'une poignée de terriens qui un jour ont décidé de vivre loin des guerres et de la barbarie protégée des envahisseurs par les hauts fond de la lagune, décidés de tout reprendre de zéro, un monde de palais qui tient comme par magie debout sur la mer, un monde sans sol qui a su refusé le droit du sang à ceux qui les ont gouvernés.


Photo : Venise depuis notre satellite