SKYFALL

Vous le savez bien si je m'appelle Cindy Seven, c'est un peu à cause de mon amour pour James. Impossible donc de ne pas faire une petite analyse de la dernière cuvée : SKYFALL.
Le mythe contemporain de James Bond porte sur ses épaules la plus grande des immoralités de l'humanité : le droit qu'elle a donné à certains hommes d'en tuer d'autres. Cette fameuse "Licence to kill" qui est au coeur du mythe de James Bond depuis sa création nous regarde droit dans les yeux quand nous faisons face à Monsieur Bond dans les salles obscures. "Peut-on tuer au nom du bien?", "A t-on le droit de tuer son prochain ?", est la sempiternelle question que nous pose James Bond à travers ses tribulations avec plus ou moins de succès. Mais pour Skyfall, pas de doute, c'est du tout bon. On se régale dès l'ouverture de la bande son de Adèle avec un générique à la hauteur de notre mythique agent secret. Le bonheur reste entier jusqu'à la dernière scène.

Le monde change James Bond, lui tient le cap. Si les premiers 007 nous emportaient dans une époque traumatisée par la construction d'une paix sur terre qui semblait tenir comme une clef de voute coincée entre un missile russe et un missile américain. Aujourd'hui le mal et ses serviteurs ont une autre allure. Leur nouvelle arme est l'action terroriste. Il n'y a plus de champs de batailles comme nous le dit M, nous nous battons dans l'ombre. On pourrait même dire avec nos propres ombres. Côté méchant dans Skyfall, je suis comblé, avec une grande folasse blonde complétement déjantée à qui l'informatique semble tout céder. Je ne pouvais rêver mieux.

 Sans parler de cette séquence qui restera surement dans les anales gay (permettez moi l'expression ) où notre méchant semble exercer tout son pouvoir de révulsion homosexuelle pour faire parler l'emblématique tombeur de ses dames. A la surprise générale il se voit renvoyer dans ses buts avec un "qui vous dit que vous seriez le premier" qui a dû déjà émoustiller une palanquée de jeunes garçons sensibles depuis la sortie planétaire du film.
James est-il gay ? Bien sûr que non. Il est d'ailleurs heureux que le scénariste soit lui même gay pour aborder cette scène de manière très décomplexée. On peut coucher avec un homme sans être homo. James aime coucher avec les femmes et ça ne changera pas. C'est ça un mythe. Mais cela ne l'empêche pas de pourvoir séduire des hommes pour des stricts raisons d'états. Les homos ne font pas peur à James. C'est une bonne chose qu'il montre l'exemple. Dès l'apparition de Raoul Silva le film prend une tournure de face à face. Ce sont deux hommes qui vont se battre à présent à l'aide de leur monde respectif.

Mais dans un monde global, il ne s'agit plus de se draper dans les idéaux nationaux pour se créer un petit monde préfabriqué. Pour faire face au mal il faut chercher ce monde en soi. Certes moins glorieux et moins haut en couleurs mais finalement beaucoup plus réel. Bref l'histoire de James Bond n'est plus une histoire d'états contre états. Le Royaume Uni contre les méchantes nation c'est fini. Du côté du méchant, le monde intérieur de Raoul Silva est une île dévastée où le cynisme de l'homme semble avoir eu raison de tout, où la civilisation a échoué et où le chaos attend son heure pour reprendre lui aussi son droit de tuer. Le spectre de Hiroshima et de Fukushima n'est pas loin.

De l'autre côté nous avons le monde de James qui n'est pas beaucoup plus gai à vrai dire. Mais c'est tout ce qu'il a en stock au fond de lui pour faire face au grand blond déjanté et ses démons nihilistes qui le tourmentent. Un manoir abandonné (en construction sur notre photo) au milieu de nul part en Ecosse et quelques souvenirs d'enfance qu'il s'est sans doute en partie fabriqué comme tous les orphelins. Les deux hommes vont régler leur compte dans ce duel hautement psychologique où le moins pire des deux mondes devrait sortir vainqueur. Où le matricide de M sera l'ultime crime qui mènera l'humanité au chaos.

A ce stade Les James Bond girls s'évaporent. Le film s'en débarrasse d'ailleurs assez vite. Aussi charmantes soient-elles, elles ne font pas le poids quand on se bat pour sa mère.
Quoi de plus cool pour une mère que de travailler dans un bureau hyper high tech et de se faire appeler M par ses enfants. La classe non ? On finirait presque par oublier que ce qui se joue quand même dans Skyfall, c'est l'echec de la mère qui en s'acrifiant sont petit Raoul en mission en a fait un monstre. Pris de remords, elle souhaite sans doute ensuite que son petit James sauve le monde (quitte à faire du favoritisme aux examens). James fait ce qu'il peut pour sauver le monde de la terreur et c'est tout à son honneur. Mais il faut quand même admettre que si les mères en général et M en premier lieu s'occupaient un peu plus de sortir le monde la misère, leurs charmants bambins pourraient alors faire autre chose que de se tirer dessus. Malheureusement le droit de tuer a été accordé dans son service et M va faire elle-même les frais de cette violence qu'elle ne peut plus enrayer, blessée à mort par la balle de l'un de ses ex-agents devenu fou.

A moins que, à moins que la petite larme inespérée qui coule des yeux pourtant féroces d'un agent qui a tout vu, tout vécu, nous ouvre l'espoir d'un monde où l'amour maternel aura un jour raison du cynisme du monde dans lequel nous nous battons tous les jours. Cette petite larme restera sans doute la plus belle arme secrète de OO7. Et Q n'y est même pas pour quelque chose.

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