DEMAIN

DEMAIN est un superbe documentaire à voir sans tarder. Voilà enfin un film qui donne envie du futur sans verser dans l'utopie. Le film propose au travers d'une série d'interviews des petites recettes simples qui pourraient nous sortir de la déprime dans laquelle notre monde s'enfonce faute de vision.

Bien que DEMAIN ne soit pas un film qui donne dans le catastrophisme, la spontanéité avec laquelle  film a vu le jour se fonde néanmoins sur l'imminence d'un monde qui se détraque beaucoup plus vite que prévu. Le temps qu'il nous reste pour faire vraiment quelque chose se réduit maintenant à la durée d'une génération. De ce fait,  DEMAIN est née à l'initiative de personnes qui ne cherchent pas a sauver la planète mais de parents avisés qui veulent tout simplement sauver leurs enfants.

Ce qui change fondamentalement dans DEMAIN, c'est qu'on nous parle de nous et surtout de la situation que l'on va léguer à nos gamins. On ne nous parle ni des ours blancs, ni des baleines, mais de l'école de demain, de la politique de demain, des fruits et des légumes, des poubelles.

Bien sûr les images sont beaucoup moins glamour que celles que l'on moissonne depuis un hélicoptère aux quatre coins du monde ou moins aguicheuses que celles que l'on chasse à fond les manettes sur un quad au coté de chevaux sauvages. Mais au moins quand la lumière se rallume après la projection de DEMAIN on a une bonne idée de comment s'en sortir, plutôt que de culpabiliser à l'idée de tout ce qu'on est entrain de perdre.

DEMAIN nous fait passer un message simple, si on aime la nature on doit aimer la diversité, alors créons la à notre échelle. Arrêtons la monoculture pour des cultures multiples, multiplions les monnaies avec lesquelles nous payons, diversifions nos sources d'énergie, laissons faire aux profs leur métier avec des  manières variées d'arriver à leur fin et ainsi de suite...

DEMAIN nous dit qu'au lieu de continuer de croire aux vœux pieux des COP qui s'incrémentent sans rien régler, d'opter pour un "je commence aujourd'hui à vivre mieux, plutôt qu'un j'arrête demain de vivre mal". L'action locale comme remède à la déprime globale.

On découvre que l'écologie est une question d'argent. Non pas tant qu'elle a besoin d'argent pour arriver à ses fins, mais plutôt dans le fait que nous changions la manière dont nous la percevons pour parvenir à un monde à la fois plus juste et plus durable.

Nous n'avons pas besoin d'argent, c'est l'argent qui a besoin de nous. On réalise avec stupeur et ravissement que, lors d'une interview dans le film, que lorsque qu'un banquier vous prête 20 000 euros par exemple,  il n'a pas besoin d'avoir l'argent dans ses caisses pour vous le prêter. Il lui suffit de taper sur son ordinateur, 20 000 euros pour être plus riche de cette somme.

DEMAIN ouvre de nouvelles perspectives dans un monde qui bute dans ses propres contradictions. Comment concilier par exemple l'idée d'acheter français alors que l'on nous rebat les oreilles avec l'Europe comme seul issue. L'avenir n'est ni français ni européen. L'idée de nation est moribonde il est dans des organisations locales connectées qui s'imbriquent ou s'enchevêtrent. Le documentaire nous emmène dans des villages qui ne se préoccupent pas du système avec un grand S mais de leurs systèmes avec un petit d. On jubile quand on découvre ce village près de Chennai qui désavoue l'ordre établi des castes pour mieux gérer son quotidien ou encore cette autre commune en Angleterre qui produit sa propre monnaie pour acheter des produits et services dans sa circonscription. Tous cela va à l'encontre de l'ordre établi, mais ces évolutions se font à une échelle suffisamment petite pour qu'elle échappe au radar des censeurs, tout en portant rapidement ses fruits. Finalement on découvre très logiquement qu'une économie écologique est une économie non systémique, c'est à dire fondamentalement organique. Ainsi DEMAIN est un bon exemple d'un projet qui réussit grâce à un financement via la myriade de financement populaire drainé par kisskissbankbank.

Le film déclenche un déclic. Au lieu de craindre l'écologie comme régression, on entrevoit pendant une heure et demie que la logique qu'elle entraine finira par nous donner le glaive qui transpercera le dragon qui est cette autre société mortifère qui crache un feu d'hydrocarbure, droguée au " toujours plus" qui n'a de cesse de nous prédire l'apocalypse dont elle est elle-même l'instigatrice.

Signification du dragon dans l'astrocindy voir article  A quand l'ére du lapin ?