Le ski



File interminable de voitures qui chaque année convergent vers les Alpes pour le ski. Coincés entre un SUV belge et une limousine néerlandaise en manque de relief, nous progressons vers les sommets pour le plaisir du ski. La vallée se rétrécit parfois au point d 'avoir l'audace d'ériger un barrage qui s'arcboute pour retenir un lac dont la force tranquille entrainera nos turbines. Magie de l'électricité hydraulique qui chauffera et éclairera nos stations et nous propulsera en haut des pistes grâce à l'ingéniosité mécanique de nos remontées.

Le ski nous promet le frison. Celui du chaud et du froid mais aussi celui du vertige, mais surtout celui de la chute. Nous sommes nombreux à converger vers les cimes enneigées pour rire de la gravité de notre inexorable chute. La force de la montagne est là devant nous brute haute et immense quasi éternelle. Nous venons la visiter en amis futiles, profiter de sa hauteur et de sa force pour s'amuser de sa pente.

Nous sommes en haut, le paysage est vertigineux notre descente est proche à la fois légère et chargée de la même puissance que celle du lac retenu entre deux versants.  Notre corps se transforme par la magie du ski. Nous ne sommes plus ce petit être à la force négligeable. Nous voilà surhomme, nos muscle bandés  non plus pour pousser mais pour contrôler la puissance sans limite que nous offre la montagne.

Allons nous dévaler le plus vite possible pour profiter de l'excitation de la vitesse et de ses résultats ? A l'instar de l'eau du barrage qui forcée dans une colonne se transforme en KW/h. C'est à dire devenir énergie.

Ou bien allons-nous onduler comme pour retenir notre chute sans pour autant l'entraver et jouir avec élégance de l'inévitable descente vers l'abime. A l'instar de l'eau qui sculpte par inadvertance les vallées dans le seul but de rejoindre la mer pour recommencer. C'est à dire continuer d'être matière.

Le ski nous donne rendez-vous avec la vitesse qui n'est que la réduction en une seule dimension du monde dans lequel nous vivons en divisant l'espace par le temps. Le skieur est un surhomme. Un homme qui se recommence sans effort et qui choisit son destin en usant avec sagesse de sa force.  Aller plus vite pour faire plus de pistes ou aller moins vite pour faire plus de ski.  S'ouvre à nous alors une métaphore la piste comme une vie. La remontée comme une résurrection. Notre âme comme l'envie de faire d'autres pistes et finalement le domaine skiable comme l'horizon magnifique d'une existence contemplative qui perdure.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Soirée Stations de Métro

La liberté guidant le peuple ?

Ca va décoiffer !