The Brutalist
The Brutalist on en parle. Et pour causse 7 nominations aux Oscars, un film fleuve, un entracte. Et beaucoup de gens qui en pensent du bien à votre place. On aurait presque pas besoin d'aller le voir pour dire que c'est bien. Mais quand on a un peu de temps 3h30 dans ce cas là, mieux vaut se faire une avis par soi-même.
Ce film ressemble étrangement au bâtiment que souhaite construire l'architecte dans le film. D'abord sa taille immense à l'image de ce très long métrage, ensuite sa destination totalement incompréhensible, enfin le rapport qualité prix : le béton brut c'est pas cher donc on peut en faire des tonnes. Ce qui se traduit dans le film par un budget de 12 millions pour faire un film grandiloquent de plus de 3 heures. Ca ne ne vous revient finalement pas cher de la minute .
Je pensais voir un film sur l'architecture brutaliste thème complexe et controversé mais néanmoins central lors des reconstructions d'après guerre qui façonnent encore en grande parti notre environnement.
On est émerveillé par la transformation stupéfiante de la bibliothèque au début du film , ouvrant ainsi les perspectives d'une architecture qui peut rendre la vie plus belle et puis plus rien, plus d'idée, plus d'envie, ci ce n'est ce truc de vouloir faire éclairer l'autel d'une chapelle inclus dans le projet par les rayons du soleil en forme de croix. Ce bâtiment énorme, multifonctionnel se trouve réduit dans sa raison d'être à ce simple effet. C'est insultant pour l'architecture et les architectes. Mais c'est aussi révélateur du fait que le réalisateur, peut avec une simple idée faire une film aussi creux que le bâtiment qu'il met en scène.
Les biopics sont déjà un genre qui me dérangent parce qu'ils dévoient le roman au profit d'une réalité qui nous ennuie, celle de nos vies. Mais avec ce film on dépasse l'idée même de biopic pour coller à la vie d'un architecte qui n'a pas existé, dans une vie où il ne s'est rien passé. On assiste en direct à la mort du roman, de l'intrigue, de la morale. On va au cinéma pour voir la réalité. Cette réalité que l'on retrouve quand on pousse la porte de sortie du cinéma on vous l'impose sans la moindre valeur ajoutée. On est aussi déçu que lorsque que l'on rentre dans le bâtiment à la fin du film, sombre, vide, creux et sans fonction. On se trouve face à un cinéma qui ne vous parle plus, il se regarde et se trouve beau, laissant le spectateur dans son fauteuil attendre l'entracte de 15 minutes, pour avoir lui aussi sa part de réalité.
Ce film nous montre un architecte qui ne fait pas de l'architecture, un patron qui ne travaille pas, une famille qui n'a pas de vie de famille, un toxicomane qui n'est pas vraiment addict. On nous balance une série de cartes postales sur ce qui était censé être la vraie vie de l'époque dans aucun fil conducteur, donc sans âme. Beaucoup de béton , mais pas de fonction. Pour preuve la fin du film sur Venise qui ressemble à une mauvaise présentation powerpoint pour vous faire aimer cette ville.
Quand on commence un film sans idée on le finit forcément épuisé. Alors on traine des heures dans une carrière en Italie, comme si le choix du marbre de l'autel dans un bâtiment faisant 10 000 m2 était le seul truc important à décider. On sort de ce film avec la déception de n'avoir rien vu. Certes on a vu des images produites pour pas cher en vistavision, mais le but du cinéma n'est pas de nous faire voir le monde mais de nous le faire toucher.
J'ai bien essayé d'écouter les propos dithyrambique de certains youtubeurs pour adoucir mon jugement sur ce film. Mais tout ce que j'ai entendu n'est que la description de ce que le film a montré sans jamais émouvoir celui qui en faisait l'apologie. On nous explique le film, comme on nous explique le réel et l'explication semble être une fin en soi. Si tu n'as pas aimé le film c'est parce que tu ne l'as pas compris, alors qu'il n'y avait rien à comprendre faute d'intrigue ou d'un minimum de dénouement. Ce cinéma qui risque fort de recevoir de nombreux Oscars est un cinéma à la dérive qui quitte sans raison le monde romanesque pour se perdre dans une réalité surannée qui ne fait rêver personne. En tout cas pas moi.
* (note du relecteur avant publication : Des 4h passées au cinéma ce que j'ai préféré c'est le Magnum vanille chocolat qu'on a mangé à la mi-temps). Bobby
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