Passeport

 

L'affiche et le titre ont tout pour faire peur. Ca se prend au sérieux et on va s'ennuyer ferme à force de culpabilité stérile.

Lever de rideau. Sept personnages, tous inconnus, tous différents. La diversité par l'exemple sort de son univers théorisé par la simple magie de ce casting éclectique. C'est génial parce que ce sujet est d'emblée évacué de la pièce par l'exemplarité du metteur en scène.  Tout le monde est vrai tout le monde est différent, personne n'a la prétention d'être meilleur qu'un autre. 

Le théâtre d'Alexis Michalik se prête assez mal au  Théâtre de la Renaissance. La mise en scène de Michalik est toujours industrielle faite de bric et de broc qui servent au mieux le discours avec un minimum de moyen. Le Théâtre de la Renaissance lui nous impose tout l'inverse. Balcons à perte de vue, chandeliers, plafonniers, dorures et velours rouges sont là pour nous faire vivre l'exceptionnel alors que le réalisateur nous donne rendez-vous avec l'ordinaire. 

Les migrants est un sujet que l'on voudrait voir traité comme extraordinaire, un peu comme un tremblement de terre, une inondation, une éclipse du soleil. Il n'en est rien. Le migrant est un invariant il n'y a que les frontières qui bougent. Et c'est là tout le problème dans lequel nous plonge cette pièce, rien d'anormal dans cette pagaille. Ce qui est en jeu ce sont nos propres frontières. Les limites de notre propre tolérance. 

Cette pièce que l'on attendait hautement politisée est en fait tout l'inverse. On se fout pas mal de l'enjeu géopolitique de la migration. On va plutôt sonder le quotidien de chacun. Qui sont nos amis ? Qui sont nos ennemis,? Qui suis-je ? Nous nous construisons tous des zones de confort qui sont nos propres frontières et qui sont rarement géographiques. Chaque personnage qu'Alexis Michalik nous propose vient avec ses propres limites qui vont être transgressées. 

L'histoire que nous compte le réalisateur est moderne, rapide, multiculturelle, on s'y retrouve et on y retrouve des migrants malmenés par l'administration. Mais le plus intéressant est sans doute que ceux qui les accueillent ou les refoulent se trouvent eux aussi transformés et que de ce fait les migrants malgré eux nous font migrer, nous entrainant ainsi dans leur propres turpitudes. 

C'est ce que restitue cette dernière pièce de Michalik qui nous montre que nos âmes, quand elles sont malmenées, cherchent elles aussi  un meilleur endroit pour vivre, un passeport pour le bonheur qui ne dépend pas des frontières.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Soirée Stations de Métro

La liberté guidant le peuple ?

Ca va décoiffer !