Au Paradis Latin



Les cabarets de Paris cherchent un nouveau souffle, le Lido se transforme, Le Paradis Latin cherche avec la collaboration de Kamel Ouali une programmation moins convenue. C'est donc avec enthousiasme et impatience que nous nous sommes retrouvés avec Corinne et Nadia aux portes de ce cabaret hier un peu avant 20h. Le cabaret propose une formule avec repas et des places bien placées dans " le carré d'or " pour laquelle nous avons opté. La salle est très sympa de notre point (le RDC) de vue sobre ni trop grande ni trop petite et le service très réactif. Mieux que dans beaucoup de restaurant. On y mange d'ailleurs très bien et sans trop de chichis, le tout servi chaud ce qui ne gâte rien. 

Coté spectacle mon avis reste plus mitigé. On est quelque part entre le cabaret et la comédie musicale, ce qui laisse un goût de quelque chose de pas tout à fait accompli. On profite d'un spectacle de très bonne qualité, bien plus dynamique et plus moderne qu'un traditionnel spectacle de cabaret qui enchaine des numéros souvent hétéroclites et parfois il faut le dire un peu ringard. Mais on se perd quand même dans une suite de tableaux hauts en couleurs mais qui n'ont pas vraiment de lien. 

Comme le spectacle est assez long on aimerait trouver un peu de sens dans le déroulement des scènes qui n'existe guère. Ce qui est très réjouissant dans ce lieu se sont les torses et les seins nues. A une époque où le puritanisme religieux revient en force, la liberté des cabarets parisiens doit en faire rêver plus d'un(e) au delà de nos frontières et c'est tant mieux. L'érotisme est lui aussi présent sans ambages avec entre autre une scène mémorable d'un couple de danseurs voltigeurs entrain de prendre leur bain. Ou encore ce carrousel des plaisirs qui tourne sous nos yeux nous proposant avec grâce les formes variées que peuvent offrir le sexe. Je trouve cependant qu'une vision un peu trop américaine à la " Las Vegas " s'invite dans le show pour plaire sans doute à une clientèle qui en demande mais qui dénature un certain érotisme à la française. Ce dernier ne nécessite pas d'astiquer des barres de pole dancing pendant des heures à grand renfort de galipettes et de néon. 

Les costumes dans l'ensemble sont plutôt moches ce qui est d'autant plus décevant qu'ils ont l'air chers et qu'ils donnent une image quelque peu émoussée de la mode parisienne qui sait faire mieux que ça. Les danseurs vous accueillent avec des costumes d'animaux pas terrible et qui n'ont aucun rapport avec le spectacle. Le moment French Cancan est bien en-dessous de ce qu'on a pu voir dans le Moulin Rouge de Baz Luhrmann. 

Pour ceux qui auraient déjà vu la série sur Ca, c'est Paris ! sur France 2  avec Alex Lutz, on est très proche de cet univers. D'une part parce que la série a été tournée au Paradis Latin mais aussi parce que l'on sent l'esprit de petite entreprise avec une patronne, un peu à bout de souffle qui tient ses équipes et qui fait tourner tous les soirs sa boutique. 

L'usage de moyens audiovisuels, dans de nombreux cas, modernise beaucoup le spectacle et produit son effet sans pour autant noyer les danseurs dans les effets spéciaux. C'est plutôt bien vu dans l'ensemble. On peut techniquement passer d'un paysage sous marin à un lieu underground en un clic. Les effets sont  parfois un peu gratuits ce qui dessert une narration de toute façon anémique. Donc bilan des courses, on passe une très bonne soirée d'avant Noël surtout si on vient pour en prendre plein les yeux dans un lieu libertin sans chercher un message qui irait au delà du plaisir que procurent les meilleurs tableaux.

Il est d'ailleurs possible que cette programmation qui se cherche encore pour l'instant trouve dans le futur davantage ses marques et nous propose de nouveaux spectacles plus aboutis dans la même veine technique.  La meilleur voie pour que perdure la culture du cabaret à la française, qui ressemble tant à la France que l'on aime.















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