Mars Express



Il a suffit d'une bande annonce pour nous convaincre d'aller voir Mars Express. Il y a d'abord cette volonté de vous embarquer dans un futur le plus plausible. Le film de ce point de vue est très documenté et très réussi. On est en 2200. D'abord sur terre où les hommes au chômage pointent les machines comme bouc émissaires puis sur Mars comme nouvel eldorado. Le ton réaliste avec lequel les personnage s'expriment, un graphisme à vous couper le souffle qui vous détourne de toute envie de voir le film dans une version en chair et en os comme dans Blade Runner par exemple. Le réalisateur a eu l'intelligence de faire jouer les acteurs sans images. C'est donc l'image qui astucieusement doit coller aux humeurs des acteurs et non l'inverse. Génial.
Il y a aussi un équilibre magistral entre le dit et le non dit qui fait toute la beauté de ce récit d'anticipation. Au lieu de vous plonger maladroitement dans cette dystopie à l'aide d'une voix off ou d'un générique qui vous donnerait tout le contexte de cette aventure, le réalisateur vous plonge directement dans un polar qui nous fait tacitement accepter le contexte dans lequel nous vivons sans l'avoir décrit. Il faut ajouter à cela un scénario qui dès le début ne nous donne pas les clefs de qui sont les bons et qui sont les méchants dans les premières scènes. Cela relève d'une grande habilité d'écriture qui n'est pas étrangère au fait que le scénario est écrit en duo. L'ambivalence et la nuance des personnages crée un contraste d'une grande poésie avec les règles et les certitudes de la robotique du 22ème siècle. 
Je reprochais récemment à Starmania de ne pas renouveler l'utopie de la ville du futur comme on les voit dans tant de films de science-fiction depuis plus d'un siècle. Ce n'est pas le cas de Mars Express qui redéfinit avec génie une nouvelle case d'arrivée pour l'humanité en s'inspirant non plus de New York ou d'autres grandes cités verticales mais d'un rêve pavillonnaire horizontal à la Los Angeles. Mars est notre nouvelle Californie la nouvelle frontière à atteindre. 
De la même manière que l'on va se méprendre sur les bons et les méchants au début du film, on va aussi être surpris de découvrir que le personnage principal Aline notre enquêteuse va progressivement s'étioler face à son coéquipier androïde dont l'histoire va nous toucher d'avantage que celle d'Aline. Au lieu de s'identifier à elle comme dans tout polar on finit par se trouver plus en empathie avec son co-équipier à la fin du film. On cherchait un coupable au début l'enquête, on se cherche soi-même à la fin du film. Notre empathie va vers la trans-humanité portée par Carlos son coéquipier (mort organiquement 5 ans plus tôt) plutôt qu'à la simple humanité alcoolique d'Aline. Cette mutation des sentiments orchestrée par le récit subtil du film nous pousse à nous identifier à un androïde mi-homme mi-machine empêtré dans ses mises à jour et la garde de sa gamine, ce qui nous met de fait dans la meilleure position pour arbitrer nous-mêmes la grande question posée à la fin du film sans y répondre. Les machines seront-elles un jour plus humaines que l'homme ne l'a jamais été?





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