La truffe entête


Merci à tous mes militants et tous mes sympathisants pour leurs votes massifs en cette période estivale de primaire. Nous sommes, heureusement, de notre côté déjà au choix de l'affiche et non plus encore entrain de choisir notre candidat.

Grâce à vos suffrages notre affiche de campagne sera donc "On s'est assez fait truffer". Victoire d'autant plus méritante que notre affiche test avait fait fi de notre bonne vieille grammaire française (il faut dire qu'à force de démocratie participative on en oublie l'infinitif).

"On s'est assez fait truffer" est un slogan fort et moderne.

D'abord ce ON, indéfini, tout bonnement génial, vous ne vous y êtes pas trompés, toute la démocratie moderne peut se résumer dans ce "ON" tellement impersonnelle qui caractérise si bien l'opinion publique insaisissable qui gouverne une république. Imaginez un slogan "Ils nous ont trop truffé" tout bonnement impossible. Immédiatement les journalistes me sautaient dessus. Mais Madame Cindy (oui j'insiste pour que les journalistes m'appellent Madame Cindy pour me donner une envergure présidentielle) qui sont ces "ils" que vous pointez du doigts ? Et là ça devient difficile puisque quand on râle on ne sait jamais vraiment contre qui. Comment vous dire, ça vient de l'intérieur. Sans parler de la droite qui m'aurait dit que je cherche à les stigmatiser ..... non , non, non , "ON" c'est beaucoup mieux.

Ensuite ce manifique adverbe "ASSEZ". D'abord l'apanage des nobles du genre : "ASSEZ JE VOUS DIS", il est maintenant l'adverbe par excellence du ras le bol. Tout le monde n'a pas droit à sa tautologie mais "ASSEZ" fait parti lui des best-seller. Ainsi si "un sou est un sou" est la tautologie de prédilection de la droite le "assez c'est assez" est celle de l'opposition.
Les tautologies ont toujours eu la faveur des politiciens qui n'ont rien à dire puisque par définition elles ne disent rien. Ainsi lors de mes tournées dans le sud-ouest (mon fief) je n'hésite pas au cours des repas à lâcher un : "Un bon cassoulet, c'est bon " qui ravit toujours l'assistance par son évidence.
Il ne serait donc pas étonnant de voir la droite nous concocter pour les prochaines présidentielles un slogan de campagne qui aurait tiré les expériences de leur premier mandat avec un "Travailler plus pour travailler plus", sans oublier les tonton flingueurs en embuscade nous sortir un "Un vrai français, c'est un vrai français".

La tournure de phrase "s'être fait" elle aussi recèle un fort potentiel. Se faire (plus un verbe à l'infinitif de votre choix) dans notre cas "truffer" est toujours révoltant (sauf pour nous les gays, mais on est un peu bizarre). Ainsi grâce à cette tournure nous pouvons montrer tout notre désespoir de subir plutôt que de faire. Là aussi vous ne vous y êtes pas trompés, bravo.

Enfin "truffer". Mais quel beau verbe. D'abord revenons à ses racines. La truffe emblème du Périgord , champignon noir rebelle et sauvage qui ne pousse qu'à l'ombre des grands chênes, que l'on arrache de la gueule des cochons truffiers avant qu'ils ne s'en goinfrent. Tout un symbole. En conjuguant le mot truffe, le verbe lâche toute sa saveur. Il suffit pour cela de se délecter avec ses synonymes les plus courants : emplir - remplir - garnir - combler - bourrer - saturer - encombrer - tasser - farcir - fourrer - entrelarder - boucher - gaver. J'avoue avoir là une petite réserve d'idées pour mes slogans de campagne pour les 50 années à venir. Mais là où on touche au génie dans ce slogan (et vous ne vous y êtes pas trompés) c'est de l'utiliser dans sa tournure argotique "se faire truffer" qui nous met, et vous le savez bien, en prise direct avec le coeur de notre électorat les Jeunes.

On va gagner, on s'est assez fait truffer

Madame Cindy

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