Ecce homo

Michel Ange est béni des dieux par des talents incomparables. Pourtant il n'aura pas vécu la vie qu'il aurait voulu vivre. Michel Ange aime l'homme, ce qui fait de lui sans doute un des piliers de la renaissance et de son humanisme, mais il aime aussi beaucoup les hommes. On ne peut donc pas regarder cette image ultra célèbre de la voute de la Chapelle Sixtine sans penser à l'homosexualité inavouée de Michel Ange qui le dévora toute sa vie.

A l'époque où il peint cette scène qui représente la création d'Adam, Michel Ange ne connait pas encore Tommaso dei Cavalieri qu'il rencontrera à l'âge de 57 ans, Tommaso n'en ayant que 23. On peut donc voir dans cette image de manière prémonitoire leur rencontre. Michel Ange dans le rôle de Dieu désignant Thomas comme l'homme à la beauté parfaite dont il tombe de ce fait bien évidemment amoureux. Il lui dédiera de nombreux poèmes (au moins 9, qui on été d'abord travestis par son neveu pour éviter le scandale). Michel Ange dans la Chapelle Sixtine du haut de vertigineux échafaudages est entrain de peindre son futur sans le savoir. Ce qu'il sait déjà en revanche c'est qu'il aime la plastique de l'homme bien plus que celle de la femme. Ce tableau est donc tout à la gloire de ce qu'il considère être la plus belle invention de Dieu, le corps délicieusement musclé de l'homme.

Pour ceux qui en douterait regardez la création d'Eve où notre Dieu semble peu inspiré et notre pauvre Adam semble déjà payer dans les yeux de Michel Ange les pots cassés de la création de la femme. On peut donc légitimement voir dans la création d'Adam la glorification de l'homosexualité. Ce tableau nous dit "ECCE HOMO" plutôt que ECCE OMO comme on le sait. Si OMO c'est l'homme, HOMO veut dire la même chose. Or les paroles de Dieu lors de la genèse ne nous jettent-elles pas dans les abymes du narcisssisme en déclarant créer l'homme à son image ? 

Le tableau de la création d'Adam peint par un homme qui aime ses semblables pose la question du genre humain. Que se passe t-il dans la tête d'un homosexuel ?  Pourquoi le phènomène qui doit attirer un homme vers une femme pour la prospérité de notre espèce ne fonctionne t-elle pas pour certains d'entre nous ?
Cette question Michel Ange a dû se la poser plusieurs fois. La réponse nous est donnée dans le tableau, car si on y regarde de plus près, Dieu et ses acolytes définissent, à l'aide du voile rouge, la forme exacte du cerveau humain. Ce que Dieu donne à Adam ce n'est donc pas un sexe, mais un cerveau. Et c'est lui et lui seul qui va décider de notre sexualité.
Si on y regarde à deux fois que voit-on dans ce cerveau ? D'abord une âme, notre conscience représentée par cette petite tête qui s'appuie sur l'épaule de Dieu. Cette âme est asexuée et prend la forme dans ce cerveau d'un homme mur et musclé qui relègue au second plan la féminité. Michel Ange est donc un homme qui se voit comme un homme. La formation de la féminité aurait donné sans doute une femme mûre, drapée, avec la même conscience appuyée sur son épaule et reléguant la masculinité au second plan. Vient ensuite l'orientation sexuelle qui du bout de son doigt pointe ce qu'il aime. Cet Adam lascif n'est que l'objet du désir du fabuleux cerveau que Dieu a donné au peintre.

Contrairement à Rafaël qui aime les femmes et dont l'humeur est aimable, Michel Ange est le vilain petit canard grognon, au nez cassé et aux amours refoulées. Cela se ressentira dans toute son œuvre.
Mis à part sa première œuvre " la piéta" où il devait encore considérer son homosexualité comme passagère, son œuvre ne sera jamais inspirée par le divin, mais par l'amour du corps de l'homme.
La Chapelle Sixtine nous offre une opportunité unique de mettre la vie de Michel Ange en perspective. En levant les yeux au ciel nous voyons un Michel Ange qui a 33 ans, l'âge du Christ mort dans les bras d'une vierge dont la jeunesse ne fait que souligner l'horreur de cette crucifixion. Lui aussi à cette époque doit se sentir crucifier, asphyxier par ce travail de plafond dont il ne voulait pas. Chantier manigancé par Bramante pour l'écarter de ce qui aurait dû être l'œuvre de sa vie les sculptures du tombeau du Pape Jules II. En regardant au fond de la Chapelle Sixtine le jugement dernier nous met en scène un autre Michel Ange. Quand il peint cette fresque monumentale achevé en 1541, à cette date le peintre a 66 ans et partage sa vie avec Thomas son idéal masculin qui lui va sur ses 33 ans. Cette fresque, à l'instar de la voute, il l'a peint aussi à contre coeur. Cela ne veut pas dire qu'il n'y mettra pas toute son âme mais elle traduira aussi la fureur d'un homme qui, comme ce Christ ultra masculin et totalement nu lors de la livraison de l'œuvre, semble en vouloir à la terre entière. La revanche de Michel Ange sur l'église qui maudit l'homosexualité est de couvrir ses murs d'hommes nus, malgré le rabillage posthume de son œuvre par Daniele da Volterra. On ne peut pas rentrer dans cette chapelle sans sentir la présence disproportionnée de l'homme et de leur attirance les uns pour les autres au travers de cette débauche de muscles, de culs et et de bites.

Le Christ que nous peint Michel Ange est le Christ des pédés. Un christ qui va tous les jours à la gym pour glorifier l'amour que les hommes ont pour leur corps jusque sur la croix. Cette chapelle est donc la nôtre puisque que ce Christ a été peint par le plus génial des homos.
Ainsi les remparts du Vatican ne seront donc jamais assez haut pour nous empêcher de penser que Dieu se fiche pas mal de notre sexualité puisque notre âme est un ange qui n'en n'a pas.


Pour ceux qui auraient encore des doutes sur la charge homo érotique de toute l'œuvre de Michel Ange, sauf La Piéta, qui est curieusement la seule œuvre qu'il n'ait jamais signé. Ci-dessous une de ses sculptures d'esclave.


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