Robot censure


Si Mireille Darc est la petite sœur de Brigitte Bardot elle est aussi ma grande sœur. Et entre blondes il faut bien que l'on se serre un peu les coudes. Pour ceux qui auraient manqué les épisodes précédents, pour rendre hommage à Mireille Darc, Frédéric Beigbeder a publié une photo parue dans Lui de  Mireille, un téton à l'air. Conséquence de cette publication son compte Facebook a été bloqué plusieurs jours. Cela pourrait faire sourire. Mais comme Frédéric et Bobby (qui refuse d'être sur Facebook pour cette raison) nous ne trouvons pas cela drôle.

Aucune équipe humaine n'est capable de surveiller les millions de photos qui se déversent chaque jour sur Facebook. Alors ce sont des robots qui s'en chargent. Pas des robots plus ou moins anthropomorphiques mais des robots invisibles que l'on appelle algorithmes qui se chargent de digérer les pixels que nous avons pris soin de publier sur la toile. Ces algorithmes qui sont capable de détecter le bout d'un sein de Mireille Darc sur un blog, sont de la même trempe que ceux que nous avons programmé pour reconnaître des terroristes au travers des images produites en flot ininterrompus par ces caméras qui nous surveillent tous comme potentiels porteurs de troubles.

Il y a encore dix ans personne n'aurait parié sur la possibilité de programmes capable de reconnaitre un visage. On venait tout juste de se remettre de l'idée qu'un ordinateur était devenu depuis 2005 le meilleur joueur d'échecs au monde.

On s'inquiète de l'ingérence grandissante de l'intelligence artificielle dans nos vies comme un risque à moyen ou long terme quand il n'est pas relégué au rang de science fiction. Pourtant la nudité esthétique de Mireille Darc a été victime la semaine dernière de programmes Facebook qui moulinent jours et nuits, dressés pour censurer selon les critères sévères du puritanisme mondial.

Il y a plus d'habitants sur Facebook que dans n'importe quel autre pays du monde. On ne peut donc pas accepter la censure dictée par quelques employés de Facebook bien pensants et dresseurs de robots pour nous dire ce qui relève du nu ou de la pornographie. Pourtant le PDG de Facebook interpellé sur le sujet délicat des limites à donner à l'intelligence artificielle par le PDG de SpaceX semble toujours sous estimer ce problème.

Pourquoi ne pas faire du Musée d'Orsay où l'on expose L'origine du monde de Courbet un sex shop tant qu'on y est. On pourrait rentrer dans la pyramide du Louvre en se glissant discrètement au travers d'un rideau de velours rouge pour aller  se branler sur La Vénus de Milo. La limite entre l'obscène et le sublime est mince, on le sait, alors pourquoi confier une tache aussi délicate à des ordinateurs qui depuis qu'ils savent reconnaitre des formes s'adjugent inconsciemment dans le cadre restrictif de leurs codificateurs le droit de nous juger sur le fond.




Il va falloir apprendre à nos jeunes espions numériques à faire la différence entre ça :

et ça :

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