Surélévation Pelone

Faire un étage pour faire une chambre en plus, est-ce bien raisonnable?. Il faut admettre que les ambitions  du projet se limitent à une soixantaine de m2 pour une maison  de 170 m2  et de plancher  construit sur le domaine de 198 m2. Les ambitions limitées de cette surélévation semblent coller avec la réglementation  qui reste pour les autorisations d'extension dans les limites de 30% des surfaces planchers existantes. Pour  ceux qui ne seraient pas habitués à la notion anglo-saxonne de "PropertyValue" une villa de luxe doit se targuer d'une "master bedroom d'exception", ce qui n'était pas trop le cas de la nôtre avec une taille normale et un accès direct à la buanderie. Mais je vous rassure ce ne sont ni les contraintes administratives ni la spéculation immobilière qui sont les  raisons fondamentales de cette rénovation.

L'idée initiale de la transformation a été de métamorphoser la maison que nous avons achetée en une "bergerie nouvelle vague". Bergerie grâce à sa forme longiligne et son toit en tuiles et Nouvelle vague grâce à ses vastes ouvertures traversantes et sa piscine. 

Ce concept de bergerie avec piscine est charmant  mais pose aujourd'hui un certain nombre de questions sur son avenir. Cela principalement en terme de maintenance des combles et de viabilité d'un toit d'origine peu propice à l'implantation massive de panneaux solaires. Mais aussi d'une piscine et d'un jardin qui demandent des quantités d'eau importantes pour notre agrément. Le deux premières années d'exploitation  des panneaux solaires et l'arrivé l'année prochaine du tout-a-l'égout nous positionnent à une croisée des chemins. Les panneaux solaires nous permettent de diminuer de moitié notre consommation d'énergie importée mais ne parvient pas à équilibrer nos dépenses. Cela reste une charge importante. L'eau que nous  consommons abondamment va doubler de prix quand nous serons connectés au réseau. Il nous faut donc investir pour transformer la spirale des charges d'exploitation en cercles vertueux. Notre premier chantier  est d'accéder à une électricité auto-produite, qui prendra en compte non seulement notre usage  domestique , mais aussi  le traitement  de l'eau qui  nécessitera de plus en plus de pompes et le chargement des véhicules électriques. Il nous faut donc plus de panneaux et plus d'indépendance. D'où l'idée de  transformer la bergerie en refuge qui devrait assurer son indépendance en eau et en  électricité. L'idée n'est pas de vivre en autarcie mais d'avoir une position neutre sur le réseau de distribution. D'ou l'idée d'un  refuge dont l'une des facettes serait d'être une maison arbre puissant et recyclant son eau et profitant largement de l'énergie solaire.  Cela n'est qu'une des faces du projet . 

Sur un deuxième axe ce projet est aussi un projet fédérateur qui va permettre à de petites entreprises de travailler en flottille plutôt que de se voir exploiter par des entreprises générales récalcitrantes et onéreuses avec des garanties décennales vaseuses. Notre maison nous appartient mais son devenir est entre les mains de nombreuses personnes et de micro-entreprises qui doivent intervenir sans l'entrave de superviseurs exclusifs ou d'experts abusifs.

La troisième face du projet est la maison Feng Shui, endroit où la notion de refuge prend tout son sens  aussi bien au niveau matériel  que psychologique,  c'est aussi un endroit  de contemplation sur la mer et la montagne. Ainsi au  lieu de surélever la maison d'une barrette de 5 mX12m j'ai préféré faire coexister deux refuges articulés l'un davantage vers la mer, l'autre vers la montagne. La nouvelle chambre proposera une double exposition, statut attendu  pour une "master bedroom".

La  quatrième facette du projet est  la maison théâtre qui me fait un peu penser au si poétique Théâtre du peuple de Bussang. Il nous faut toujours plus de place pour les costumes et les accessoires et les placards  et boites de rangements ne suffisent plus à endiguer nos appétits de se travestir.  Le projet laisse une large  part,  20m2, pour pouvoir  stocker dans  de meilleurs conditions les déguisements et permettra de libérer au RDC des placards pour la vie quotidienne, le linge de maison, les arts de la table et les jeux de société.

La cinquième facette est celle de la maison jardin où les toits végétalisés auront la priorité sur des terrasses qui doivent avoir un espace approprié. La maison articulée doit accroitre le sentiment de jardin suspendu plutôt que celui d'un roof top aride.

Enfin la sixième face, le toit, doit nous projeter vers l'avenir. La dalle de béton qui nous servait de toit devient plancher et le nouveau toit est en charpente de bois apparente dans des combles poussant ainsi  l'esprit à regarder plus haut en entrant dans la maison avec un bureau en mezzanine comme à  la roquette.  L'inclinaison du toit sera optimisé pour les panneaux solaires (on espère en mettre 20 de plus) et les tuiles n'auront plus lieu d'être faisant ainsi de notre bergerie un refuge pour l'avenir.