Quand la raison triomphe

Aujourd'hui encore la Corrida fait débat.
Au nom de la cruauté devrait-on abolir une bonne fois pour toute la corrida et ses estocades sanglantes dans l'ensemble du territoire national ?

Si l'hémicycle est propice à la politique, il n'en va pas de même avec le cycle complet de l'arène qui nous enferme et nous renvoie notre propre image. L'hémicycle nous extraverti pour partager nos opinions dans l'espace public. Pendant ce temps l'arène s'érrige en fort intérieur et nous suggère le terrain de notre conscience.

Lorsque nous pensons, sous notre crâne se trouve une arène, où se joue tous les jours le spectacle cruel de la Corrida. Pour penser l'homme livré à lui même se divise en eux. Car pour nous questionner nous nous parlons afin d'instaurer un dialogue entre nous et nous-même. Notre Ego supportant mal cette contradiction, ce divorce intérieur demandera un gagnant et un perdant à l'issue de la réflexion. La mise à mort est inévitable. Le torero incarne la pensée rationnelle qui est en nous, le taureau symbolise la passion qui nous habite.
Ainsi le spectacle de la corrida envoie ses aficionados dans un voyage aussi passionnant qu’inattendu : la mise à mort de la passion par la raison. La passion n'a pas besoin de raison pour vivre, ainsi les taureaux pourraient mourir de leur belle mort sans jamais voir une arène, mais malheureusement il n'en va pas de même pour la raison. Celle-ci à bel et bien besoin de tuer la passion pour affirmer sa domination sur notre esprit et sortir de l'arène sous les applaudissements de l'opinion générale. Plus la passion à vaincre est puissante, plus la victoire de la raison sera grande. Plus le taureau est puissant et tumultueux, plus le torero méritera les ovations. Ainsi, ces petites cruautés de tous les jours qui nous obligent à renier nos pulsions pour être raisonnables, se livrent en spectacle le temps d'une feria dans l'arène.

Bien sûr le Conseil d'Etat a donné raison à la raison, c'est à dire à la machine économico-culturelle qui sous-tend "l'entertainement-business" méridional des arènes. On ne peut que s'en réjouir, mais pas forcément pour les mêmes raisons. Car si notre passion pour la vie nous avait conduit à sauvegarder quelques taureaux cela nous aurait empêcher d'assister avec jubilation au spectacle qui se livre sous nos crânes. Abolir la tauromachie, est un acte passionnel, qu'il faut refuser au nom de cette raison si souple et si habile, qui excite nos passions sans en souffrir. Si bien personnifiée par le torero qui triomphe pour le bonheur de tous les êtres raisonnables assis dans l'arène.

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