Le 6ème but de Benzema
Certes le foot se joue, a contrario d'autres sports comme le tennis, dans un temps imparti de 90 minutes étendues par l'arbitre en fonction des arrêts de jeu. Néanmoins malgré ces comptes d'apothicaire, le beau jeu suppose toujours que l'on joue pour l'action et non la montre. Le foot n'y déroge pas. On organise ainsi les derniers matchs de poules au même moment pour éviter que les équipes déjouent par pur calcul au lieu de s'engager à fond dans le tournoi comme le voudrait le jeu, surtout à ce stade de la compétition (triste exemple du RFA-Autriche de 1982).
D'un point de vue philosophique le temps est une notion subjective. Bien sûr que la terre n'a pas besoin de l'homme pour tourner sur elle-même. Mais la notion même d'une journée ne peut exister sans quelqu'un pour la vivre. Il n'y a donc pas de temps sans conscience. L'expérience du temps se fait forcément dans l'action. Du conscient nait la durée.
Enfermé dans une pièce sans soleil, si l'on vous laisse avec une horloge qui tourne 2 fois plus vite qu'une horloge normale, seule votre propre expérience de la durée vous permettra de vous rendre compte du subterfuge et finalement du temps que les aiguilles vous volent. Ainsi l'action nous donne une bien meilleur perception du temps qui passe que son simple décompte par des machines.
Il faut donc s'insurger contre cette hérésie qui consiste à siffler la fin d'un match avant la fin d'une action, car cette petite concession, laissée à tord à la discrétion des arbitres, donne finalement davantage de pouvoir à la montre qu'au siffleur. En donnant au temps réglementaire l'ascendant au tir de Benzema, le coup de sifflet mal venu de l'arbitre, en plus de nous voler un but, a donné sournoisement raison à la machine (la montre) qui ne sait qu'additionner des secondes sans comprendre leur valeur et tord à ce que l'homme a de plus cher : sa propre conscience du temps qui le pousse à agir. Tout bonnement scandaleux.
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