Tirer la couverture à soi


Après le stress des travaux à la roquette conclu par la visite de contrôle Airbnb, il a fallu enchainer avec une séance de de shooting photo pour un un magazine de déco à Pelone. L'équipe n'est en Corse que cette semaine et j'ai essayé de négocier un passage au plus tard ce vendredi. Ca a été finalement hier jeudi. 
Cela nous laissait 3 jours pour sortir la maison de son hibernation. Gérable, sauf que le jour de notre arrivée la piscine était toujours vide suite aux travaux de margelle et l'amélioration de la fixation des spots sous-marins. Le jacuzzi est lui aussi en maintenance : vide et les tuyaux à l'air. Coté lumière un gros travail nous attendait aussi pour rénover les lampes paniers pour des lampes résistant mieux aux tempêtes.

J'ai vite compris que le jacuzzi qui est en réparation depuis le mois de janvier ne serait jamais prêt pour le jour J. J'ai donc opté par une solution cosmétique en faisant réviser uniquement l'habillage de la façade et de laisser le bassin vide. Coté piscine ce n'est pas la même histoire. Il me fallait absolument un bassin plein et propre pour les photos, ce qui était loin d'être gagné. Il a donc fallu mettre un gros coup de pression la veille de notre arrivée avec un coup de téléphone mélangeant désespoir et colère pour obtenir que le piciniste me dépêche un technicien dès notre arrivée.
Je me suis donc plains auprès du Boss qui a le bras long dans la région, en actant que si on ne m'aidait pas manu militari pour remplir cette piscine je devais annuler le reportage photo. Aux menaces j'ai joint un vibrant plaidoyer local du style "pour une fois que l'on va parler d'une villa à Propriano et non pas à Porto-Vecchio" votre fournisseur piscine va gâcher tous les efforts du golfe du Valinco pour exister dans le top des destinations en Corse. Ca a marché au delà de mes espérances avec un technicien aux ordre dès le mardi matin pour basculer la piscine en mode été. 

La pisicine faisant pas loin de 200 000 litres et le débit de notre robinet étant ce qu'il est : Est-ce que j'allais pouvoir avoir une piscine remplie pour la séance de shooting de jeudi ? Il était déjà 11h mardi après le nettoyage quand nous avons ouvert les vannes sachant que nos reporters seraient là le jeudi à la même heure. Nous avions donc pile 48 heures pour faire déborder le bassin. 
Le bassin fait 1,50m de profondeur matérialisé par 5 carreaux de 30 cm de haut. J'ai donc fais un rapide calcul. 48h divisé par 5 =  entre 9 et 10h. Si à 21h le niveau n'avait pas dépassé le premier carreau, j'étais cuite. Heureusement la piscine a priorité sur tout le reste de la maison (sans doute une erreur d'installation) ce qui permet de réquisitionner toutes nos ressources en eaux sans avoir à faire la police pendant 2 jours. A 21h le premier carreau est à peine atteint. C'est faisable mais ça va être tendu. D'autant plus que la nuit arrive et que le moindre dysfonctionnement pendant mon sommeil pourrait nous être fatal.
Une vérification à 5 heures du matin me confirme que tout s'est bien passé.

Le matin du jour J l'eau submerge enfin de la plage en teck qui couvre la fosse où s'enroule le volet.
A une heure de l'arrivée de l'équipe, les plages en teck se désolidarisent du coffre pour se mettre à flotter provocant toutes sortes de complication. Dans sa cale à sec le volet s'est en parti déroulé et en remplissant la piscine il ne s'est pas remis autour de son rouleau. Celui-ci étant prévu pour flotter il s'est mis à pousser toutes les plages en teck. En déprogrammant le volet Vincent (mon fidèle technicien piscine revenu le jour J pour m'assister) arrive à le faire se ré-enrouler convenablement quelques minutes avant le shooting. Yesss. Fin de la logistique on passe sans transition à l'artistique.

Le photographe et la styliste arrivent. Ils se désolent qu'un voisin puisse construire aussi près de chez nous, qui se traduit par un "vous habitez dans un lotissement" emprunt d'un léger dégoût. Je les rassure immédiatement en leur révélant qu'il s'agit des travaux d'une extension sur notre terrain. Je les sens soulagés. Bien sûr ils s'extasient sur la vue, je leur rétorque que je n'y suis pour rien en espérant un petit compliment sur la maison. Pas de compliment. On est entre pro. Si ils sont là c'est que la maison est "assez bien pour un reportage" ils ne vont pas en remettre une couche. L'avantage c'est qu'on n'a pas de remarques du genre "Comment vous faites pour entretenir le sol ?".

Avant de vous livrer la suite je dois vous faire un petit aparté sur le monde impitoyable des magazines déco. D'abord il y a une hiérarchie des magazines, c'est plus au moins lié au budget des propriétaires et a leur envie d'en mettre plein la vue. Le notre se trouve dans la moyenne. Et puis il y a les saisons : notre maison est une maison d'été et le reportage sera donc publié pour l'été 2020 sachant que l'été 2019 est bouclé depuis plusieurs mois. Ensuite on peut viser un petit reportage, un grand reportage et le graal : un grand reportage en faisant, ......en faisant ....... la couverture du magazine.
L'idée me fait frissonner de plaisir. Le photographe voit bien l'intérêt assez mal dissimulé que j'ai de pouvoir frimer dans les kiosques à journaux de Propriano lors de sa sortie un petit matin de l'été 2020. Après m'avoir laissé entrevoir le rêve, il me recadre sèchement : "Une couv ça ne s'attrape pas comme ça, ça demande des efforts" . Je lâche un "ah bon, il faut faire quoi ?" qui en dit long sur mon inexpérience du monde de la presse déco aussi glacée que son papier. 80% des couvertures sont des tables mise à l'extérieur avec une vue sur la mer " le rêve absolu ". On tente quand même une série de photo du salon extérieur avec la vue sur la mer avec donc seulement 20% de chance de faire une couv. Et puis l'envie de mettre toutes les chances de notre coté nous gagne. On déménage le salon pour pourvoir déplacer la table. 

Bien sûr qui dit table dit vaisselle. J'ai donc eu dès son arrivé une question de notre styliste sur notre état de l'art de la table. Je sors toute ma vaisselle et je descelle des compliments trop standards pour être honnêtes. Après avoir sorti des sets de table de toutes les couleurs, elle opte pour un couvert à même la table. Quant aux assiettes ce ne sera pas les nôtres mais une collection sortie du sac, en noir et blanc. Même souci pour les foutas Pelone qui sont remplacées pas des foutas nid d'abeille beige et kaki. Les couleurs vives c'est pas son truc. Même les coussins cactus de notre chambre n'ont pas d'attrait pour elle. Tans pis on fait comme ils disent. On bouge et on re bouge les pots de plantes qui pèsent une tonne pour qu'ils s'intègrent dans le champ de notre photographe, on vire nos foutas, on épure, on dégage et on évite surtout trop de couleur, ça doit être la tendance et comme on a maintenant hyper envie de faire la couv du magazine, on s'applique. Fin du shooting à 17h, premier retour photos dans 2 semaines, réponse pour la couverture ou non en mars 2020.













































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