Madame Brasserie


 

Tour Eiffel, Thierry Marx, Madame Brasserie, Menu Grande Dame. Tous ces mots s'empilent dans notre imaginaire qui scintille. Thierry Marx est aux antipodes de la cuisine du terroir. Celle-ci est remplacée par une cuisine théorique circonscrite dans un rayon d'action de fournisseurs proches de Paris. La cuisine de Marx est hors sol et donc finalement parfaitement adaptée pour se retrouver en lévitation au premier étage de la Tour Eiffel. 

La cuisine gastronomique française est toujours d'abord parti d'un terroir pour créer des plats signatures qui ont fini par rendre célèbre leur créateur. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui la cuisine française est devenue comme toute l'industrie du luxe, une cuisine où la marque prédomine sur le savoir faire. C'est très très bon puisque que c'est du Thierry Marx. Les recettes qui importent dans la cuisine d'aujourd'hui ce ne sont plus celles des plats, mais du succès. Si vous demandez au Chef Marx quelle est la recette de son succès, il vous répondra RER : Rigueur, Engagement, Responsabilité . 

La cuisine médiatisée perd sa sensualité au profit d'une cuisine de la réussite. Top Chef est un exemple parfait des marches qu'il faut gravir pour devenir un grand cuisinier. Le plat n'est plus la fin mais le moyen de devenir le meilleur. La gagne remplace le goût. Concours de cuisine, école de cuisine, réinsertion, écologie. La popote devient politique. On finit par manger des idées et des images, laissant la sensualité du nez et de la bouche au vestiaire. 

La cuisine de Marx est une cuisine à la fois moléculaire et de capsule. Hors sol, hors temps et même hors gravité puisqu'il travaille pour Thomas Pesquet pour des repas dans l'espace. Au Mandarin Oriental on avait l'impression de manger dans le salon First d'un aéroport avant le décollage de son vol.  A la Brasserie Madame on nous maintient dans une case formée par les lignes horizontales du sol et du plafond du 1er étage de la Tour Eiffel et par les verticales de la tranche horaire qui nous est allouée 21h/23h. Comme pour un voyage aérien il faut prévoir un embarquement, sur le parvis, une bonne demie heure à l'avance dans un imbroglio de signalétique au sol résultant des travaux de rénovation des restaurants est des sas antiterroristes à répétition au sol.

Le billet coupe fil, inclus dans le prix du menu, ne vous empêche pas de vous faire entassé sans discernement dans l'ascenseur par un personnel désabusé par les hordes quotidiennes de touristes. Arrivé au premier étage la rénovation de l'ancienne brasserie 58 est plutôt réussie mais dégage un esprit de salon d'hôtel d'affaire cosmopolite dont la fadeur peut décevoir pour l'endroit le plus emblématique de Paris. Finalement la décoration du lieu est autant hors sol que la cuisine que l'on y sert. 

La taille du restaurant est considérable et propose 4 services par jour. On est donc d'avantage sur une cuisine de traiteur haut de gamme le soir d 'un mariage où il faut enchainer 4 plats pour 150 convives en moins de 2 heures, que sur une cuisine de brasserie où l'on s'active en salle pour vous dépiauter votre sole ou flamber vos crêpes Suzette. Ne comptez pas pouvoir arroser vous même votre baba de rhum. Cette brasserie n'en est donc pas une et peine à nous convaincre en tant que restaurant gastronomique. On  est là encore entre deux eaux. Tout cela finalement importe peut puisque le menu n'est pas un attrape touriste et ne vient en aucun cas ternir le moment inoubliable d'un repas au cœur de la tour Eiffel. 

Etant donné la difficulté d'éclairer la nuit les restaurants panoramiques sans reflet sur les baies vitrées  conjugué avec la limitation de l'éclairage public, privilégiez cet hiver le déjeuner au diner pour mieux profiter de la vue.

















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