Couper les cheveux en quatre

En discutant avec nos coiffeuses, on se rend compte que, à quelques jours du 2ème tour, nombre d'électeurs sont encore dubitatifs sur leur choix. A y regarder de plus près ce n'est pas si étonnant, tant les cartes sont aujourd'hui brouillées. D'un coté on a un parti socialiste dont le nom parait désuet et qui traine derrière lui quelques bonnes casseroles tout au long du 20ème siècle. De l'autre on a la droite qui crie "Non au socialisme, à l'assistanat et aux fonctionnaires". La réalité on la connait de droite ou de gauche depuis 1945, l'Etat est devenu de plus en plus social pour encadrer un marché du travail qui s'en passerait bien. Ainsi le poids de l'Etat dans les 60 dernières années a plus que doublé, les prélèvements aussi. La droite comme la gauche a toujours eu recours à plus d'état pour mieux gérer les intérêts de ses concitoyens. Pourtant depuis les accords de Maastricht nous savions que notre déficit devait se limiter à moins de 3% du PIB. Cet accord a été plébiscité par plus de 70% de oui par le référendum de septembre 1992. Cela fait 20 ans, 20 ans que la droite a laissé filer les déficits jusqu'à en perdre notre triple A. Comment voulez-vous que ma coiffeuse s'en sorte si au moins on pouvait se dire "avec la droite la France va être gérée à l'allemande" rigueur et déficit contrôlés. Mais ce n'est pas le cas et ce ne l'a jamais été. Si il y a bien une règle d'or en France c'est bien celle de ne pas en avoir et en particulier de faire l'inverse de ce que nous disent les référendums. Car si Maastricht n'a pas été respecté, on peut aussi se demander pourquoi on a fini par s'engager dans une constitution européenne que la majorité des français ne voulait plus.  Le peuple français, dont tous les candidats se gargarisent a quand même toujours raison sauf quand il a tord. Et c'est là que les français se méfient de l'Europe comme si c'était mal. Pourquoi donc ? Parce que pour nos politiciens accros du déficit, il fallait reculer au plus tard la date de notre insolvabilité. Et nos francs ne faisaient plus le poids pour recourir à de la bonne grosse dette. Alors que l'euro avec l'Allemagne à l'intérieur de la zone, nous assurait une bonne décennie supplémentaire d'endettement à des taux acceptables. Tout ça c'est fini maintenant même avec l'euro, nous allons payer notre dette de plus en plus cher. Les 20 dernières années nous ont donc montré qu'il n'y a pas plus d'orthodoxie financière à droite qu'à gauche. Nous allons finir comme les grecs à devoir diviser notre dette par deux et planter nos créanciers pour nous remettre à flots. Et là ça risque bien de faire sauter l'Europe de la monnaie unique en éclat.  Il est trop tard pour les plans d'austérité, notre endettement est trop lourd pour de pas se diriger vers un moratoire que tout le monde redoute. Sans croissance la France ne peut plus continuer sa fuite en avant. C'est ce que monsieur Sarkozy a découvert dès la première année de son quinquennat. Les gouvernants de droite comme de gauche n'ont plus aucune marge de manoeuvre au niveau budgétaire, ce sont les banques qui vont nous dicter notre politique économique et non plus nos élus. Pourquoi donc nous faire souverainement élire un président qui sera finalement sous tutelle ? Aujourd'hui le seul choix souverain que nous pouvons encore prendre c'est celui de rester ou sortir de l'Europe. Or si cette question était clairement à l'ordre du jour au premier tour, elle ne l'est plus au second car ni Hollande, ni Sarkozy, ne nous donnent une alternative crédible face à ce choix de taille. Si on choisit l'Europe, elle sera forcément fédérale c'est à dire que le pouvoir glissera vers un organe européen fortement influencé par l'Allemagne (le seul bon élève de la classe zone euro) ou nous allons sortir de la zone en plantant nos créanciers à la sauce grecque. Et ça cela fait peur à tout le monde. Notre monde ne croit qu'en l'argent et défier le monde de la finance nous parait irréaliste. C'est une erreur, notre état est riche, très riche. Un état comme la France possède aujourd'hui des infrastructures exemplaires. Pas question de brader notre souveraineté pour mendier un taux d'intérêt acceptable à ces banquiers qui nous ennuient. Malheureusement ce choix de sortir de la zone euro, nous ne l'avons pas, puisque seuls les partis extrémistes l'ont mis dans leur programme. Nous ne sommes donc une fois de plus pas maîtres de notre destin. Notre démocratie surendettée est à bout de souffle et ne nous laisse pas le choix de la mettre en faillite pour repartir du bon pied.
Finalement c'est peut être nos coiffeuses qui ont raison, à quoi bon voter dans ses conditions ?

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