Pelone : Côté cuisine

Pelone doit être un projet ecolo-local. On va donc à la fois détruire le moins possible ce qu'on a acheté (ce qui est pour moi quand même une gageure) et puis on va faire travailler les entreprises du coin. Donc pour la cuisine se sera forcément : Cuisinella Propriano, le seul cuisiniste vraiment implanté à Propriano.

 Mon problème avec Cuisinella c'est que je suis déjà venu leur demander un devis pour refaire la cuisine de la maison mitoyenne des hameaux et une consultation pour la maison de Vetricella, projets qui ont avorté. J'ai donc la super honte quand je vais aujourd 'hui dans cet établissement, avec forcément une crédibilité proche de zéro quand je leur dit que j'ai un projet de cuisine dans une nouvelle maison à Viggianello. Je me suis donc enturbannée dans mon plus grand chèche et cachée derrière mes plus grandes et plus opaques lunettes de soleil pour aller chercher le dernier catalogue de Cuisinella et forcément fourrer mon nez dans les échantillons matières qui vous tirent à un moment ou un autre hors de votre tanière internet du tout virtuel.

Bien sûr, je n'avais pas fait 3 pas dans le magasin que le vendeur (Mathieu) qui avait dû passer l'année dernière 3 plombes à générer pour moi un projet 3D, me dire : "Ah mais je vous reconnais vous êtes le client de la cuisine bleu des hameaux". Glups me voilà déjà démasquée. Heureusement, il avait un rendez-vous et n'avait donc pas le temps de m'enfoncer d'avantage dans ma culpabilité. Bref je tombe donc sur une assistante très très dynamique, qui n'hésite pas à partager son mauvais goût avec vous pour tenter sans doute de vous faire acheter peut être une cuisine, mais surtout un rendez-vous avec Mathieu "son commercial". Elle me dit que j'ai été bien imprudente de venir chez Cuisinella sans prendre rendez-vous et que la prochaine fois il faudra l'appeler pour qu'elle voit avec son chef, Mathieu, pour m'arranger un entretien en face à face avec lui, qui allait m'apporter toute la lumière sur mon avenir dans ce segment à la fois restreint mais lucratif du placard de cuisine .

Je profite de son enthousiasme pour lui faire déballer toute la matériauthèque du magasin pour calmer mon besoin de matière, frustrée par les pixels d'internet qui nous séparent si souvent de ce qui nous touche.
Je réalise vite que je ne suis pas venue pour rien parce que mon chois initial d'une cuisine ASIA graphite + chêne opale, qui rendait super bien sur les photo du site web, se révèle être très décevante  sur pièce. Le graphite s'avère n'être pas du tout assez noir, quand au chêne opale, il n'avait d'opale que la couche de vernis cérusé qui lui enlevait finalement tout son relief. Bref il fallait repartir de zéro.  J'abandonne donc le graphite pour un noir laqué mat du plus bel effet et, en guise de chêne opale, on s'oriente plutôt sur un type de bois veiné de type orme naturel ou poirier. 

Il faut maintenant résoudre le grand problème du plan de travail. Là je suis intraitable, je veux du marbre. Je me fous des contraintes d'entretien, je veux du marbre. Bien sûr Cuisinella ne fait pas ça mais travaille avec un partenaire. Le marbrier qui fait les pierres tombales sur la route de Sartène au niveau de la station BP.  Parfait, ça me va. Ma seule angoisse bien sûr, c'est le format car pour mon ilot central il me faut un format de 120cmX300cm ce qui dépasse largement les mensurations d'un macchabée standard. Et là je découvre avec plaisir et après quelques échanges du genre : "Vous voulez du marbre blanc", à quoi je répond, "Ben non je veux du marbre marbré", "Oui mais blanc" reprend t-il , "Oui blanc mais avec des marbrure comme du marbre", etc. ) avec le responsable de la marbrerie, que leur plus grande plaque mesure 160X320 et d'une épaisseur de 3 centimètres.
Yes, je vais pouvoir faire mon ilot en marbre d'un seul tenant, trop cool. Dans mon enthousiasme je lâche un "Elle est pas belle la vie ?" qui ne trouve malheureusement aucun écho auprès de mon marbrier qui me balance un lapidaire, "Si la vie était belle je ne ferai pas ce métier". Oups bonjour l'ambiance. Il faut dire que j'avais un peu oublié que la mort lui assure encore un bonne partie de son chiffre d'affaire .