Rogue One



Rien à redire, cette histoire dans l'univers de Star Wars est très réussie et plutôt convaincante. La saga revient à ses origines en produisant avec Rogue One : A Star Wars Story un film de guerre. Ce n'est ni l'action, ni le comique, ni le romantique qui constitue l'ADN de la double trilogie Star Wars mais le récit du bien qui affronte le mal dans sa forme la plus simple, la guerre.

Star Wars est une idée bâtie sur l'un des mythes les pus puissants de la civilisation américaine, à savoir sa participation à la seconde guerre mondiale. Si on peut voir l'idéal américain comme une fuite en avant, un rêve, le débarquement sur les plages de Normandie n'en demeure pas moins un retour en arrière fondateur qui ancre définitivement les Etats-Unis comme la superpuissance de l'histoire mondiale contemporaine.

Dès le premier épisode de Star Wars en 1973, Georges Lucas nous met face à la réalité de la suprématie de l'empire américain en imaginant la vraie héroïne de Rogue One... l'étoile de la mort. L'étoile noire n'est rein d'autre qu'une représentation moderne du feu nucléaire largué sur Hiroshima. Cette arme invisible capable de détruire une planète n'est pas de la science fiction elle est bel et bien prête à décoller depuis les silos et les sous-marins des puissances que l'on nomme depuis nucléaires. Le nucléaire est du coté noir de la force. Cette énergie que l'on croit contrôler et qui émerge par la fusion de la matière.

Le scénario de Rogue One bâti autour de la finalisation et de la mise en service de l'étoile noir est donc une histoire qui touche à la fois le cœur de la saga et de la conscience de toutes ces nations qui ont construit la paix dans laquelle nous vivons par la mise en œuvre de la dissuasion nucléaire. Dans La guerre des étoiles et tout particulièrement dans ce nouveau volet, l'Amérique se bat contre ses propres démons puisqu'on la reconnait autant dans les force de l'Empire avec ses vaisseaux qui ressemblent furieusement à des portes-avions nucléaires et ses opérations commando dans des planètes aux allures moyen-orientales que dans l'esprit rebelle d'une Amérique amoureuse de sa liberté et des risques qu'elle induit. En plus de ses réminiscences à peine subliminales de guerre en Irak, la nouvelle histoire que nous conte l'épopée Star Wars nous emmène cette fois-ci dans de nouvelles zones de conflit. La guerre froide issue de la chute du nazisme et de la mise en place du bloc soviétique, plus ou moins mis en scène dans le volet précédent, semble s'estomper pour une nouvelle forme de conflit où les îles du Pacifique prennent le devant de la scène préfigurant ainsi les nouveaux grand conflits à venir qui vont nécessairement impliquer la Chine et le Japon dans les décennies à venir.

On voit ainsi apparaitre symboliquement dans Rogue One un allié de la force aux allures de samouraï à la fois mutilé et privé de la force, même si celui-ci semble y croire, nous évoquant un Japon désarmé par la seconde guerre mondiale qui se retrouvait au début du 21ème siècle allié objectif contre le nouvel empire chinois qui se profile. La Chine n'est t-elle pas entrain de bâtir des îles à vocation uniquement militaires en plein océan Pacifique pour constituer des stations d'appuis stratégiques à l'instar de la base de l'Empire où se déroule l'affrontement final entre lui et les rebelles. Contrôle de l'espace, bouclier numérique, base dans le Pacifique, menace nucléaire, opération dans le désert, tous les ingrédients de nos conflits contemporains sont là mis en œuvre dans Rogue One. Avec en prime une démonstration de l'efficacité de l'étoile noire qui finit de nous convaincre que Star Wars n'est pas un film de science fiction mais bien un film qui nous explique notre histoire. D'ailleurs les premières images du film nous rappelle depuis le début que les épisodes de Star Wars se sont passés il y a bien longtemps. Bien que futuriste, ne nous y trompons pas Star Wars ne nous parle que de notre passé et des forces aujourd'hui en présence. Notre avenir est entre nos mains, à nous de savoir sans relâche si nous sommes soldats ou rebelles ?



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