Alors Sarko le mariage homo c'est pour bientôt ?


Il y a quand même un sujet qu’on attend avec impatience dans cette campagne présidentielle, c’est celui du mariage entre homos. On sait que Hollande est pour, que Bayrou nous a fait une sauce typiquement centriste du genre « oui à l’adoption et non au mariage ». Et puis la grande inconnue ! Ce que pense notre cher Président sortant de la question ? Va t-il opter pour ce que les conseils en politique (les hommes de l’ombre) appellent une triangulation. C’est à dire mettre dans son programme un point discriminant dans le programme des autres, juste pour faire sauter les clivages là où ils vous gênent. Cette stratégie reste risquée pour deux raisons.

D’une part il risque de perdre des voix chez les cathos purs jus et une bonne tranche de conservateurs hors d’âge qui nous imaginent toujours dans le meilleur des cas à gambader en robe de chambre toute la journée à la manière de Poiret et Serrault dans La cage aux folles ou de nous faire sauvagement sodomiser au fond de la cale d’un bateau sorti tout droit de l’imagination d’un Fassbinder. Les temps changent, mais pas les conservateurs et c’est pourtant eux qui sont la base de l’électorat de Monsieur Sarkozy.

L’autre problème lorsque l'on tente une triangulation, c’est de ne pas arriver à capter, malgré vos efforts, l’électorat auquel vous tendez les bras : à savoir dans notre cas, la tribu des homos et de leur amis «gay friendly». A titre d'exemple on voit bien que l’amour que porte Président pour le monde du show business stimulé par sa tendre épouse est loin d’être réciproque. Aimer les artistes ne suffit pas à les rallier à votre camp même à coup de subventions, car derrière chaque artiste, il n’en reste pas moins un citoyen qui rêve d’une société sans doute idéaliste mais certainement mieux incarnée par une gauche sociale qu’une droite gestionnaire.


Mais pourquoi donc tout ces gays veulent-ils se marier ? Ils ont leur PACS ça devrait leur suffire. Et bien non! Le mariage reste une cérémonie, certes de moins en moins religieuse pour les jeunes d'aujourd'hui (¼ ce marient à l'église), mais une cérémonie tout de même. Nous sommes quand même dans un état laïque et se faire marier devant une assemblée, par un élu, c’est plutôt sympa. Or ce droit est nié par le Pacs puisque qu’il s’agit de se faire tamponner des papiers dans un bureau plus ou moins sordide du tribunal d'instance de votre commune. C’est l’amour sans le glam. Bien sûr certains élus socialistes ou tout simplement pro-gays essayent de mettre un peu de graisse dans les carottes en ouvrant quand ils le peuvent la salle des mariages aux amoureux du même sexe ; mais rien n’est écrit , rien n’est sûr. Ces belles mairies érigées par notre révolution restent le plus souvent inaccessibles aux homo-républicus que nous sommes.


L’autre aspect de la revendication au mariage homo c’est tout simplement l’adoption. Car dans le paquet Bonux du mariage les couples homo récupèrent automatiquement le droit à l’adoption. J’avoue que ce point qui est clé pour bon nombre de militants me paraît pour ma part moins important. Non pas que je sois contre l’adoption et donc l’éducation d’un enfant par des parents gays. Mais qu'en réalité un enfant n’a pas besoin de deux adultes pour être élevé.

Il faut quand même être bien naïf pour penser qu’une mère qui a le droit d’élever ses enfants seule ne doit pas jouer alternativement le rôle de père et de mère pour remplir son rôle éducatif. Il en va de même pour un père qui automatiquement si on lui confie seul la garde des enfants jouera lui aussi les deux rôles pour le bien de sa progéniture. Ainsi pour moi l’adoption et le mariage sont deux choses totalement disjointes et malheureusement amalgamées dans la jurisprudence actuelle. Le mariage est un droit à la cérémonie qui engage deux amants, alors que l’adoption peut n’engager qu’un seul adulte et cela sans honte et sans complexe.


Arrêtons de penser Pacs pour les gays et mariage pour les homos. C’est ridicule. La preuve le Pacs a eu bien plus de succès auprès des couples hétérosexuels depuis sa création. Il faut revoir notre perception de nos engagements amoureux de manière plus progressive, ce qui éviterait de voir aujourd’hui un mariage sur deux finir en divorce. Le Pacs doit devenir la première étape universelle pour mieux vivre ensemble. C’est ce qu’il est déjà, mais ce n’est pas toujours comme cela qu’il est perçu. Cette union administrative procure des bénéfices (fiscaux, sociaux) aux jeunes amoureux sans les emmener au divorce en cas de séparation. Si le Pacs perdure et si les amants sentent qu’à leur amour passionnel (forcément égoïste, puisque nous avons besoin de l’autre) s’ajoute un amour plus amical (je recherche le bonheur de l’autre) il est grand temps de se marier et de célébrer en plus de la passion l’amour de l’autre.

L’autre triple A.

On nous rebat les oreilles depuis notre enfance avec cette idée que la langue française est une langue subtile. Même si sa syntaxe regorge de subtilités (qui m’échappent souvent) force est de constater que pour un mot aussi important que AMOUR notre langue ne nous aide pas beaucoup. En bon français nous pouvons tout à la fois aimer sa moitié, ses enfants et le cassoulet et c’est sans compter avec l’amour de dieu, qui est encore autre chose. Voilà on aime tout, tout est amour et on n'y comprend plus rien et comme toujours l’amalgame va finir par nous tirer dans sa boue. L’amour s’écrit en fait avec un triple A.

Le premier est un amour passionnel, c’est le manque de l’autre dont vous souffrez et sa présence vous comble (Eros) (un peu comme un cassoulet quand on a très faim).

Le deuxième est un amour plus large, plus noble sans doute, c’est celui que vous prodiguez à vos enfants (Philia). On peut aimer ses enfants sans pour autant avoir envie de vivre avec eux, comme le montre si bien le Tanguy de Chatiliez. C’est l’amour maternel (valable pour les hommes aussi) ou la grande amitié, finalement l’amour de sa famille qu’elle soit de sang ou de coeur.

Et puis enfin il y a l’amour de compassion (Agapè). Celui que l’on retrouve dans les sermons du prêtre ou dans sa déclaration d’impôt. Un amour que l’on pressent mais qu’on a du mal à appliquer parce qu’il faut bien avouer qu’il nous dépasse un peu. Que ceux qui aiment payer des impôts lèvent le doigt. Un amour qui conduit à une solidarité forcément hors de prix puisqu’il faut aimer tout le monde...comme soi même. C’est précisément ce 3ème A de l’amour qui nous a fait perdre celui de la finance.

Le premier amour (Eros) est un amour érotique. On n'y peut rien c'est comme ça (notre esprit ne vit que par notre corps) nous sommes poussés par une envie originelle qui s’appelle le sexe. Pour cet amour là, l’amour platonique n’existe pas. Impossible d’aimer passionnément une femme sans la désirer et de coucher avec une autre à ce stade du sentiment amoureux.

Le problème c’est que l’érotisme c’est tout le contraire de la reproduction. On fait l’amour par plaisir non par nécessité. La reproduction de notre espèce n’en est qu’une conséquence (pas si conne la nature). Ce qu’il faut donc protéger c’est l’érotisme qui a besoin de la sexualité pour exister mais certainement pas besoin de la procréation pour se légitimer.

Et c’est bien là que les chemins se séparent entre l’érotisme hétérosexuel qui serait légitime (même si il reste honteux dans la plupart de nos morales étriquées) et l’érotisme homosexuel qui ne le serait pas. Ne comptons par sur l’église pour évoluer de ce coté là. Mais au moins que nos sociétés modernes se rendent compte une fois pour toute que l’érotisme est une fin louable et non un mal nécessaire et que la reproduction de notre espèce s’accommodera bien des multiples versions du plaisir que notre esprit n’est pas en mal d’imaginer.

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