Le déjeuner sur l'herbe

La composition des 3 personnages en premier plan est exactement celle d'un des tableaux de Raphaël. Manet ne cherche donc pas à surpasser la peinture classique dans ce genre de situation mais à la réutiliser pour la dépasser. Le tableau se lit immédiatement en trois plans. Le tableau s'est successivement appelé Le bain, La partie carrée enfin Le déjeuner sur l'herbe. La partie carrée est symbolisé par la nature morte avec son panier renversé et ses fruits dont la symbolique érotique fait peu cas des saisons. Le déjeuner est au centre et le bain en arrière plan. La femme nue au premier plan c'est évidement Manet lui même. Il nous dévisage  et nous questionne sur ce que doit être le beau mais surtout le rôle d'un artiste au milieu du 19 ème siècle. Manet rhabille les nus classiques en leur faisant tenir les mêmes positions pour montrer tout le comique de ses poses, qui rapportées à la vie réelle ont peu de sens. Il se m'est lui (elle) à nu en révélant au spectateur leur propre complexe. Une époque qui se réfugie dans des stéréotypes mythologiques dont on perd le sens siècle après siècle et qui finissent par ne plus rien dire de nous.

Ces deux messieurs insipides ne sont que des costumes vides, qui ne semblent même pas s'écouter l'un l'autre. Ils sont les détracteurs de Manet et ils sont nombreux et virulents à l'époque. Il parle de peinture dans un plan qui n'est plus d'actualité pour Manet. Le tableau se joue de ses personnages en les représentants presque à plat pour ouvrir une nouvelle perspective, celle qui relie la baigneuse et Manet nu au premier plan. 



La profondeur de champs apportée par la baigneuse à l'arrière ne respecte pas les règles de la perspective à dessein. Vous noterez d'ailleurs que la taille de Cédric notre baigneuse est bien plus petite que celle du tableau. Cette baigneuse qui deviendra Madame Zola n'est autre que Zola lui même se baignant avec délectation dans sa création littéraire et ses romans fleuves qui collent à la réalité de son temps. Il s'agit donc dans ce tableau d'une mise en perspective de la littérature de Zola avec le travail de Manet. Loyal défenseur de Manet il a compris avant tout le monde le génie de l'artiste qui déconstruit la forme classique pour nous peindre ce qu'il voit et non ce que l'on veut voir.  Manet fait rentrer le réel dans une peinture qui l'élude. A part Zola, Delacroix et Baudelaire personne ne comprend Manet et pour cause puisqu'il les ridiculisent en mettant ses détracteurs face à leur propre contradiction. Pourquoi la représentation d'une venus serait-elle moins obscène que celle de ce modèle nu. Manet ne fait que renvoyer à ses détracteurs le regard obscène qu'il porte sur les femmes à cette époque, sous le regard jouisseur de Zola qui est le seul à voir clairement la portée de sa démarche et la forme géniale qu'il lui donne au travers de sa peinture.









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